Le Prince du Train Bleu

Au train Bleu, gare de Lyon, je vais m’installer dans l’un des salons après avoir déjeuné dans la salle somptueusement décorée.
Ici, l’ambiance est au travail.
Des hommes d’affaires tiennent leurs réunions, d’autres remplissent des grilles de chiffres, d’autres passent des entretiens.
De mon côté, je prends place face à la grande baie vitrée donnant sur la ville, et j’écris.
Ici j’exècre mes souvenirs liés à un être sans conscience.

J’écris… j’écris… lorsque mon regard est attiré par un client étrange blotti à l’extrémité d’une banquette, non loin de moi.
Un chat blanc et beige, très calme, termine sa toilette avant d’entamer une sieste que rien ne semble pouvoir troubler.

Dans un premier temps, je pense qu’il accompagne une dame âgée assise non loin de lui.
J’ai bien dit « accompagne » et non « appartient ».
Un chat, c’est bien connu, n’appartient à personne.

Mais non… elle se lève et part sans lui prêter attention.
Pas plus qu’il ne la regarde, d’ailleurs.
Il reste là, dans l’indifférence générale, vit sa vie de chat sans faire attention à qui que ce soit.
Personne ne le caresse, et il ne demande rien.

Alors qu’un serveur passe près de moi, je lui pose la question:

– Monsieur… vous connaissez ce chat?
– Oui, c’est le chat de la maison.

Il sourit et s’éloigne.
Je continue à regarder le chat rêveusement.
Il dort toujours sur la banquette , levant de temps en temps un sourcil et entrouvrant un oeil pour observer ce qui se passe autour de lui.

Difficile de ne pas penser à la phrase qui dit qu’un chat est plus attaché à un lieu qu’à un maître.
Il en est la preuve vivante.

Martine Bernier

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