Bichon havanais: Pomme garde-malade

Tous ceux qui ont à prendre un traitement plus ou moins lourd me comprendront: il arrive que les médicaments, par les effets secondaires qu’ils provoquent, deviennent plus nos ennemis plus que nos alliés.
Ce matin, erreur de dosage et hop, j’ai connu une fois encore la délicieuse expérience.
Pomme, qui, à  un an, profite d’une adolescence joyeuse et taquine, a aussitôt pensé que j’avais imaginé un nouveau jeu.
Mal fermée, la porte de la salle de bain n’a pas résisté longtemps à  ses assauts.
Elle est entrée et m’a trouvée assise à  même le sol, blanche comme une aspirine, en attente de retrouver suffisamment de pep pour me relever.

Chic.
Maîtresse par terre = partie de chatouilles, dans l’esprit pommesque.
Debout, les pattes de devant sur mon épaule, elle me poussait du bout du museau, tirait ma manche pour me faire bouger.
Voyant que je ne réagissais que par de faibles protestations, son comportement a changé.
Gémissement = danger, maîtresse cassée.
Elle s’est remise debout contre moi, me fixant dans les yeux à  m’en faire loucher, et a terminé son rapide examen par un grand coup de langue sur ma joue.

Cette marque d’amitié m’a donné le courage de me relever pour prendre le chemin de ma chambre.
Il était clair qu’il me faudrait un moment pour voir se dissiper les effets de la chose que je venais d’ingurgiter.
Ca va aller, courage…
Paix, calme, sérénité… zen…
C’était compter sans ma garde-malade.

Se coucher à  10 heures du matin est parfaitement anormal, dans sa petite tête de petit Mogwaï.
Il était donc urgent de me le faire remarquer.
Contournant le lit, elle a attrapé tout ce qui lui passait sous la dent: orteil, foulard, main, doigt, cheveux, tiraillant délicatement, juste assez pour me donner envie de l’échanger séance tenante contre un hamster.
Voyant que je ne réagissais pas comme elle le souhaitait, elle s’est dressée contre le lit et a recommencé à  me fixer intensément, une patte en l’air.
Brave petit chien, me disais-je… elle comprend tout…
Enfin presque tout…
Tandis que je méditais sur la compassion ressentie par ma boule de poils noirs, celle-ci, sans crier gare, a poussé un aboiement strident.
Elle venait de m’intimer l’ordre de me lever.

– Pomme, va te faire voir. File dans ton panier et laisse-moi agoniser en paix!

Quand Celui qui m’accompagne lui donne cet ordre, elle obéit dans la seconde.
Là , j’ai eu droit à  un regard dédaigneux en direction du panier en question, et à  un second aboiement plus fort encore que le premier.
J’ai caché mon visage dans l’oreiller en grognant.
Dix secondes plus tard, elle avait disparu.
Avais-je gagné la partie?
Non.
Deux voyages ont été nécessaires pour qu’elle apporte dans la chambre Monsieur Poulet décapité et une croquette.
Elle a commencé par déguster la croquette… qu’elle sait ne pas avoir le droit d’amener hors de la cuisine.
J’aurais juré qu’elle souriait ironiquement!
Puis elle a attrapé Monsieur Poulet et m’a offert un concert improvisé.
Mais qui est le sadique qui a glissé des sifflets dans les jouets pour chiens???

Comprenant qu’elle n’allait pas me laisser en paix, je me suis relevée en titubant et suis retournée dans mon bureau.
Après tout, elle est très jeune, a besoin de mouvements, d’exercice, d’attention, de…
Je n’étais pas arrivée au bout de ma réflexion qu’elle était nichée dans le panier qu’elle possède dans mon bureau, dormant comme un loir, les quatre pattes en l’air…

Martine Bernier

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