Il y a pire!

– … et, enfin, vous ne devrez pas oublier de vous faire chaque jour une piqûre dans le ventre pour éviter les problèmes veineux, et ce tant que vous devrez porter le Vacoped. Vous piquez une fois à gauche, une fois à droite, vous ne massez pas et vous ne vous affolez pas si vous avez un hématome. Je vais vous montrer comment faire.

Le quoi? Ah oui, cette espèce de grande chaussure de ski qui me sert d’attelle.
Je suis aux urgences, il est un peu plus de six heures du matin.
L’infirmière désinfecte, prend une seringue, m’indique où piquer et… pique.
Je la regarde, un peu perplexe:

– Heu… je vais devoir faire cela moi-même? Je ne sais pas si j’en suis capable.
– Si, si, vous verrez! Mais n’oubliez pas, vous devrez tous les jours la faire à la même heure. Aujourd’hui, c’est tôt, mais demain, vous pourrez la faire vers huit heures.

Ah.
Bon.
Le lendemain, de retour chez moi, sans Pomme que j’ai dû confier, la mort dans l’âme, incapable de la sortir facilement, je me retrouve devant ma boîte de seringues.
Les piqûres, je connais.
Les faire moi-même… c’est une première.
L’heure est venue de me motiver.
Je pense à toute vitesse.
– La journée commence bizarrement, mais ce soir, tu retrouves Celui qui t’accompagne! Bon, allez… on en a vu d’autres. Une foule de gens se piquent chaque jour sans pour autant en faire toute une histoire. Pense aux diabétiques! Et aux infirmières qui, pour apprendre à piquer, s’entraînent sur elles-mêmes et leurs collègues. Et puis ce sont des sous-cutanées, pas des intraveineuses, et l’aiguille est toute fine. Prend cette seringue et hop!

Après une petite respiration, je reproduis les gestes appris la veille en imaginant que je pique quelqu’un d’autre que moi.
Désinfecter, calculer la place idéale, ôter le capuchon de l’aiguille et piquer.
Hop.
Finalement, ce n’est pas bien compliqué.

Plutôt fière de moi, je range la seringue dans une bouteille, comme on me l’a demandé, pour rapporter mon butin à l’hôpital la semaine prochaine.
On en apprend tous les jours, disait ma grand-mère.
Elle avait raison.

Martine Bernier

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