Le nid

Nous cherchions depuis quelques semaines déjà.
L’objet convoité était compliqué à trouver, du moins en Suisse: un appartement ou une maison vaste, calme, à un prix abordable.
Un endroit chaleureux… où mes milliers de livres trouveraient leur place et où nous pourrions construire notre nid.
Après une visite peu concluante et des contacts qui n’avaient pas aboutis, j’étais devenue un peu sceptique.
Dès qu’une habitation de ce genre se libère l’objet se loue dans les heures qui suivent.

Cette fois encore, l’annonce correspondait.
J’ai pris contact, mais mon interlocutrice m’a expliqué qu’un couple était intéressé.
Par acquis de conscience, elle m’a conseillé de la rappeler le lundi suivant, « au cas où ».
Le lundi matin, c’est elle qui m’a appelée.
Le couple s’était désisté.
Rendez-vous a donc été pris pour ce samedi matin où nous nous sommes présentés, Celui qui m’accompagne et moi, au pied du petit immeuble en question.
Au départ, depuis l’extérieur, je n’étais pas très enthousiaste.
Puis nous sommes montés.
Il a suffi de faire le tour de cet endroit lumineux et grand, en cours de rénovation, de découvrir la cuisine entièrement neuve, le parquet marqueté et les dépendances où pourrait être élevé une famille d’éléphants (petits éléphant, soit, mais éléphants quand même!) pour comprendre que nous avions trouvé ce que nous cherchions.
J’ai cherché son regard.
Il était séduit, lui aussi.
Nous avons dit oui.

En rentrant, j’étais troublée.
Au printemps donc, je quitterai l’appartement où j’ai tenté durant près de deux ans de renouer avec la vie.
Cet appartement où j’ai perdu ma petite chienne, où Pomme est venue me rejoindre.
Cet appartement qui a vu la fidélité et le dévouement de mes « tout proches », qui a vu naître la relation nouvelle qui illumine mon quotidien.
Cet immeuble où les relations avec mes voisins sont privilégiées.
Cet appartement qui a connu l’arrivée de Jee et de Kim, et tant d’événements en si peu de temps.
Je quitterai « mon » torrent, n’aurai plus vue sur ce lac que j’adore, qui me rappelle l’Atlantique.
Même s’il faudra moins d’une dizaine de minutes en voiture pour le retrouver.
Pomme devra s’habituer à un nouveau terrain de jeu, à de nouveaux voisins.
Désormais, lorsque nous verrons le torrent, ce sera en passantes.

Un nouveau nid pour une nouvelle vie.
Car, bientôt, Il ne repartira plus à la fin du week-end…

Martine Bernier

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