Le retour

La fermeture du pré, depuis deux jours, présageait la nouvelle.
Pourtant, c’est Pomme qui m’a avertie de leur retour.
Ce n’est que lorsqu’elle est venue me chercher, galopant de la porte-fenêtre de la cuisine jusqu’à moi et vice-versa que j’ai pris conscience du son des cloches.
Des clarines, plus exactement.
J’ai suivi mon Mogwaï à la fenêtre et je les ai vues: les vachettes étaient de retour!
J’ai laissé Pomme prendre possession du balcon.
Elle s’est aussitôt assise face aux nouvelles venues et a passé deux bonnes heures à les observer.
De temps en temps elles lui jetaient une regard intéressé avant de recommencer à brouter paisiblement.
En début de soirée, après le brossage quotidien, lorsqu’est venu le moment de la dernière promenade de la journée, Pomme a couru se soulager, puis m’a regardée.
Une patte en l’air, la mine canaille, elle m’interrogeait.
Elle me fait craquer…
J’ai souri:
– C’est bon, viens. Tu vas aller voir tes copines.

L’automne dernier, au moment du départ des vaches, elle n’avait pas une année.
J’ai pensé que, six mois plus tard, elle aurait peut-être une réaction différente face à ces bovidés cent fois plus lourds qu’elle.
Mais non….
Elle a couru en haut du talus, s’est trouvée truffe à muffle avec un mastodonte mâchouillant une touffe d’herbe.
Elles se sont regardées, l’une remuant la queue de bonheur, l’autre se demandant ce qu’était ce gros moustique poilu.
Attirée par l’événement cinq autres ruminantes sont venues renifler mon Mogwaï.
Ravie d’être l’objet de tant d’attention, Pomme sautillait, faisait quelques pas en arrière pour mieux revenir, se couchait sur les pattes de devant, postérieur en l’air, remuait la queue, jappait joyeusement, revenait me faire son rapport et repartait en courant.
La scène aurait pu durer des heures.
Dix minutes plus tard, j’ai rappelé mon noir bichon.
– Viens, on rentre, tu les reverras demain…

Elle est revenue en retirant les brins d’herbe accrochés à son pelage.
En sautillant, elle m’a accompagnée vers le nid, se retournant deux ou trois fois vers le troupeau qui la suivait des yeux.

Aïe.
Comment lui annoncer que, dès la fin du week-end, notre déménagement signera la fin de cette belle amitié?

Martine Bernier

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