Question d’équilibre

Lorsque l’été a commencé , je crois que je me suis programmée pour penser qu’il ne finirait jamais.
Celui qui m’accompagne allait passer un peu plus de deux mois avec moi, aucun rendez-vous médical n’était programmé pendant cette période.
Je savais que je n’aurais pas vraiment de vacances puisque la période est propice aux demandes d’articles, mais j’étais ravie de ces deux mois qui s’annonçaient.
Et l’été est arrivé…
Des moments magiques, des découvertes, une merveilleuse douceur de vivre, le développement de la vie dans mes « Jardins suspendus », beaucoup de rires, de soirées et de week-end magnifiques entre amis et en famille… le tout ponctué par la présence trottinante de Pomme, petit bichon joyeux et noir présent dans toutes nos mésaventures.

Deux mois, cela paraît long, mais en fait… ça ne l’est pas.
Lorsque le moment est venu de se séparer, nous étions tristes, tous les deux.
Nous avons repris pour quelques semaines encore le rythme des semaines séparées et des week-end joyeux.

Toujours dans ma programmation personnelle, je pensais que la semaine qui s’annonce n’arriverait pas.
Est-ce bête d’appréhender ce que je connais pourtant fort bien: les analyses et les visites médicales.
Les efforts de ces derniers mois doivent être contrôlés, et nous saurons s’ils portent ou non leurs fruits.
J’avais presque oublié cette partie de ma vie, cette épée de Damoclès, ce nuage noir.
Essayer de passer outre ne sert à rien, la réalité me rattrape tôt ou tard.
C’est un peu comme si j’avais deux vies.
L’une qui me rend heureuse, l’autre qui est sombre, menaçante.
Il arrive que les conséquences de la deuxième empiètent sur la première, mais, pour le moment, elle ne réussit pas à l’assombrir.

Au seuil de cette semaine qui s’annonce, j’ai comme un pincement au coeur.
Elle sera extrêmement chargée au niveau du travail… et c’est tant mieux!
Mais deux jours sont marqués d’une croix rouge sur mon calendrier.
Les jours d’analyse.
Je n’ai pas encore trouvé le courage de prendre mon téléphone pour appeler le spécialiste et définir le jour de notre rencontre pour les résultats.
En revanche, je sais déjà quand je verrai le chirurgien.

Voyons…
Il y a, pour tout le monde, des jours qui ne donnent pas envie d’avancer.
Alors? De mon côté, j’anticipe…
Il faudra bien vivre un à un ces jours qui m’attendent.
Je vais évoluer dans ma deuxième vie en marge, celle qui m’oblige à affronter une réalité déplaisante.
Mais l’autre existence ne stagnera pas pour autant.
Le temps qui avance travaille pour Celui qui m’accompagne et moi.
Bientôt, il ne partira plus.
Les projets se dessinent devant nous, petits et grands, comme une longue guirlande.
J’ai toujours mes envies de voyages qui me démangent régulièrement, mes désirs de découvertes, mes idées folles.
Il sera plus simple de les réaliser au quotidien.
Même s’Il a un peu tendance à me regarder d’un air effaré lorsque je lui fais part de mes rêves.

Entre cette vie pétillante et l’autre, lourde et angoissante, qui se joue dans les couloirs des hôpitaux, il faut juste trouver le parfait équilibre.
La richesse de l’une permet de mieux aborder l’autre.

Martine Bernier

Elodie dit :

J’aime beaucoup les textes que vous écrivez, surtout ceux comme celui-ci. Ils me donnent du courage.

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