Le téléphone et le Capitaine

Celui qui m’accompagne a horreur de répondre au téléphone.
Il s’arrange donc pour ne pas le décrocher ou, s’il n’a pas le choix, pour  transformer le pensum en facétie.
Si le numéro d’un proche s’affiche, il répond en prenant une voix caverneuse.
Et si, par malheur, c’est un démarcheur téléphonique qui a l’outrecuidance de le déranger, il joue avec lui comme un chat avec un oiseau, endossant la peau de personnages différents ayant en tous en commun un QI assez bas et  une placidité à toute épreuve.
Dans ce genre de jeu, il peut être redoutable…
Ce qui  donne parfois lieu à des moments très drôles, comme celui qui s’est passé il y a quelques jours, alors que nous n’étions pas seuls à la maison.

– Allo? Bonjour Madame…
– …
– Ah oui?
– …
– Vous voulez me vendre de la Gelée Royale?
– …
– Ce n’est pas utile: j’en fais déjà.
– …
– Oui, oui, j’en fais.
– …
– Oh, apiculteur… c’est un grand mot. Disons que je commence.
– …
– Oui, pour le moment j’en ai deux.
– …
– Non, pas deux ruches: deux abeilles.
– …
– Au-revoir Madame.

Lorsqu’il est revenu vers nous, un léger sourire flottait sur les lèvres de mon Capitaine, visiblement satisfait de sa conversation.
Les rires et les commentaires ont fusé.
Avec ce mot qui a mis fin à la parenthèse: « Elle n’avait qu’à pas téléphoner. »
CQFD.

Martine Bernier

 

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