Celui qui s'en est allé…

Ce week-end, mon Capitaine a appris le décès de l’un de ses amis.
Il le savait malade depuis quelques mois, et avait été lui rendre visite il y a peu, profitant d’une journée passée en France.
Il l’avait trouvé très fatigué.
Le soir, en rentrant, il m’en avait parlé, triste d’avoir vu son ami si affaibli, lui qu’il avait connu solide, avec lequel il avait passé tellement de bons moments. 
Puis il avait appris qu’il avait été hospitalisé et que les soins qui lui étaient apportés le soulageaient un peu.

Celui qui m’accompagne en a vu bien d’autres…
Il a accueilli la nouvelle avec tristesse et pudeur.
Très ancré dans la vie, il vit debout.
Même s’il a mal, il ne sombre jamais dans le pathos.

Je n’avais jamais rencontré son ami. 
Il m’en avait souvent parlé, et sans doute est-ce pour cette raison que j’ai l’impression de l’avoir connu.

A ce monsieur qui s’en est allé, et que ses proches surnommaient Charlemagne, je voudrais juste dédier ces quelques lignes.
Quelques semaines après notre rencontre, mon Capitaine m’a parlé de la « cabane » qu’avait construite son ami.
Un lieu de rencontre où s’étaient déroulés des repas mémorables.
Un jour, Bruno a préparé un repas, l’a emballé et nous a emmenés, Pomme et moi, à la fameuse cabane.
Elle se trouvait en dehors de la ville, dans un coin de verdure.
Mieux qu’une cabane, c’était un véritable petit chalet.
Ni eau ni électricité, mais un ruisseau qui courait derrière la maisonnette, et de quoi passer de bons moments.
J’avais dit en riant que la présence d’une femme achèverait de rendre l’endroit accueillant, tout en sachant que ce refuge devait plutôt être fréquenté par des hommes.
Nous nous sommes installés au soleil et nous avons pris notre repas en tête-à-tête pendant que Pomme, ravie, visitait les lieux.
Je garde de ce moment un souvenir très doux.
Que nous devons à Charlemagne…

Martine Bernier