Le hameau coupé du monde

 

Cette année m’a fait le cadeau de m’offrir une nouvelle amitié.
Elle habite avec son mari en Valais, dans un petit  hameau perdu dans la montagne.
En été, la route qui y  mène est magnifique.
Elle longe les vignes, les coteaux, la forêt, les jardins, la rivière…  
En hiver, tout est différent.
Le village se trouve entre deux couloirs d’avalanche.
Lorsque le danger est trop grand, les habitants sont coupés du monde.
Il ne leur reste que l’intervention possible de l’hélicoptère,  en cas de nécessité, et un petit téléphérique privé.
Ils téléphonent à leurs familles restées en plaine, leur indiquent ce dont ils ont besoin, et reçoivent leurs courses par téléphérique.

Regardez bien ces photos…
Elles sont rares, et montrent l’avalanche de l’an dernier.
Le mari de mon amie trace un chemin tandis que  son frère surveille le moindre danger.
Tous deux sont nés là-haut et connaissent bien les caprices de la montagne…

J’ai toujours été exaspérée par les vacanciers qui clament partout leur grande connaissance de la montagne.
S’y rendre une ou deux fois par an et loger en station, dans une résidence de vacances, ne suffit pas à connaître ce milieu.
Ceux qui y vivent au quotidien, qui doivent composer avec les événements sont les seuls à développer cet instinct très sûr des gens de là-haut.

Dans l’un de ses messages, mon amie m’écrit ceci:

« Le village, chaque année, reste toujours bloqué, isolé avec une  avalanche qui descend toujours, imprévisible et qui angoisse parfois.
Mais quelques fois seulement.
Le reste du temps, la prudence s’impose et 
la montagne nous oblige à la respecter.
J’espère de tout cœur que cet hiver 2013, la neige sera plus clémente  avec nous.

Sais-tu que l’année dernière, le 24 décembre, une personne de Fully a  traversé un couloir voisin du nôtre et a été emportée?
On a retrouvé son corps au printemps.
En 34 ans que j’habite ici, c’est 
la première fois qu’un drame aussi épouvantable se produit. »

Mais elle ajoute: « C’est tellement magique que pour rien au monde je voudrais changer ma vie… »

Dans leur écrin de neige instable, les chalets souvent centenaires du hameau tiennent leurs habitants au chaud.
Des hivers, ils en ont vus…
Et nous, nous espérons que la météo nous accordera une « fenêtre » pour pouvoir nous retrouver en plaine dans quelques jours! 

Martine Bernier

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