Ulysses Grant: président malgré lui

Hiram Ulysses Grant (1822 – 1885) était un jeune homme timide lorsqu’il a été inscrit par son père à l’Académie militaire de West Point contre sa volonté.
Faisant contre mauvaise fortune bon coeur, il est pourtant devenu bon officier et  excellent cavalier et a participé à plusieurs campagnes, dont la guerre contre le Mexique.
Il finit pourtant par démissionner et regagne la vie civile… avant de rempiler lors de la prise du Fort Sumter par les conférés, en Caroline du Sud.
L’armée des Etats-Unis n’est riche que de 10’000 hommes et de trop peu d’officiers.
Le Président Lincoln lance donc un appel national: il cherche 75’000 volontaire pour permettre aux troupes nordistes de mener à bien leur mission. 
Grant est nommé colonel.
Dans un premier temps, il forme les nouvelles recrues, puis se retrouve sur les champs de bataille.
Sa réputation est terrible: il se bat jusqu’à mettre l’ennemi à genoux.
Cette ténacité signera la mort de beaucoup de ses soldats et lui vaudra le surnom de « Grant le Boucher ».
Mais c’est aussi grâce à elle qu’il remportera la victoire à Appomattox, en Virginie, en 1865.

Lorsque Lincoln est assassiné et remplacé par Andrew Johnson, Grant est devenu un héros national.
C’est sous la pression du peuple qu’il se présente à l’élection à la présidence des Etats-Unis, qu’il remportera pour devenir en 1869 le 18e président.

Les abolitionnistes ont gagné… mais beaucoup d’Américains refusent l’égalité pour les Noirs et pour les Blancs.
Ulysses Grant n’en a cure: il fait adopter le 15e amendement de la Constitution américaine, donnant le droit de vote à tous les citoyens américains, quelle que soit leur couleur.
Et comme il reste un homme de guerre, il instaure la loi martiale dans les Etats qui se rebiffent.
Il combat et fait officiellement interdire le Ku Klux Klan naissant, se bat pour les droits civiques des Indiens d’Amérique…
Pourtant, il est critiqué…
Le nouveau président est autoritaire, militaire jusqu’au bout des ongles, et peu doué pour la négociation politique.
En 1869, il prend un décision malheureuse: pour lutter contre une spéculation financière touchant le marché de l’or, il demande au ministère des Finances de vendre pour 4 millions de dollars d’or.
Mais l’effet n’est pas celui escompté: la vente provoque la panique, les cours chutent et de milliers de petits porteurs se retrouvent ruinés.
Le président commet une nouvelle erreur en choisissant mal certains de ses collaborateurs, ignorant qu’ils ont été accusés de détournements et de trafics par le passé.
Ulysses Grant assumera deux mandats successifs avant de renoncer à sa carrière politique pour effectuer avec son épouse, un tour du monde qui durera deux ans.
Alors qu’il est à la retraite, il est lui-même  impliqué, sans pourtant être responsable, dans un scandale financier.
Il remboursera chaque victime et mourra ruiné. 
L’écriture de ses Mémoires qu’il a terminées cinq jours avant sa mort, a permis à sa famille de se retrouver à l’abri du besoin.

Lorsqu’il a prononcé son discours d’adieu au Congrès Américain en 1877, le président sortant s’est excusé de ses erreurs de jugement et a regretté d’être devenu chef du pays sans avoir eu aucune formation politique.
Ami de Mark Twain, qui l’a aidé à rédiger ses Mémoires,Ulysses Grant a également créé le premier parc naturel américain: celui de Yellowstone, en 1872.
Du remarquable et du moins bon dans un engagement qu’il a mené au plus près de sa conscience, en commettant des erreurs et en les reconnaissant.
Avouez qu’il mérite de ne pas être oublié…

Martine Bernier 

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