Les revers de Courbet

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Les peintres dont nous admirons encore les oeuvres aujourd’hui n’ont pas toujours rencontré le même succès.
Certains ont même défrayé la chronique en essuyant des critiques violentes, accusés de peindre la laideur.
Gustave Courbet en fait partie.
Dans les années 1840, il fait partie des réalistes, représentant les hommes et les  femmes tels qu’ils sont réellement.
Avec des corps qui ont vécu, sur lesquels le temps, la maladie et des vies difficiles ont laissé des marques.
Comme Le Caravage a fait scandale plus de deux siècles avant lui en empruntant le même chemin, il provoque chez une partie du public des réactions de rejet.
Zola aimait sa façon de peindre le réel.
Mais beaucoup ne partageaient pas son avis.
En 1853, lors du Salon Napoléon III découvre  « Les Baigneuses ».
Le tableau le choque tellement qu’il cravache le postérieur du modèle principal lors de la visite officielle.
Loin des figures gracieuses proposées jusqu’alors dans la peinture, Courbet propose un tableau cru, qui n’a rien à voir avec les modèles académiques.
Loin de tourner casaque après cet épisode, il propose un nouveau tableau  au Salon de 1957: « Les Demoiselles des bords de la Seine ».
Cette fois, c’en est trop.

Les Baigneuses
Les Baigneuses

Les critiques se déchaînent.
Dans la « Presse », en juillet 1957, paraît un article signé Paul de Saint-Victor, qui raille:

« Quelle idylle et quelles nymphes! » parlant de « ces deux drôlesses servies sur l’herbe, qui sentent la friture malsaine du vice parisien. »

Quatre ans plus tard, Anatole de la Forge n’a toujours pas digéré le tableau et poursuit à propos de « ces deux fainéantes couchées sur le dos, gravement occupées à cuver leur vin bleu, en regardant, d’un air abruti, les nuages passer. » (Paru dans « Le Siècle » le 10 mai 1861.)

Ils se moquent des modèles, mais le malaise est plus profond.
Leur langueur, insinue Courbet, est provoquée par d’autres raisons que le vin ou la chaleur.
Ciel, des femmes de moeurs contraires!

Courbet provoquait, assumait… et a laissé des tableaux vivants.
Le public a évolué avec les artistes.
Imaginez un Hibernatus se réveillant du passer et découvrant l’Art d’aujourd’hui, qui, au fil du temps, a repoussé les frontières.
Que dirait-il?

Martine Bernier

Références: BeauxArts hors série  « Les Maîtres du Scandale »

 

 

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