Quand Mélies rêvait de la Lune…

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Si je devais choisir une période de l’Histoire à revisiter, je rêverais de filer en douce humer l’atmosphère qui régnait à la Belle Epoque.
Cette période étonnante (de la fin du XIXe siècle au début de la Première Guerre Mondiale, en 1914), au cours de laquelle l’humanité a progressé  à tout point de vue.
Il fallait tout inventer, tout créer, que ce soit au niveau social, politique, technologique, économique ou médical.
Les plus grandes inventions sont nées à cette époque où les esprits étaient très pionniers.
L’Europe vivait une période de paix, le progrès était fait pour améliorer la vie des gens, pas pour les rendre idiots.
Le gros bémol concerne la vie dans les campagnes, où, malgré une existence très dure vouée au travail, les populations vivaient dans des conditions de pauvreté provoquées par la crise agricole de 1890.
Beaucoup de femmes se plaçaient comme domestiques dans les familles bourgeoises qui, elles, goûtaient le coeur léger au plaisir des réceptions, des spectacles et des arts.

C’est dans ce contexte que Georges Méliès (1861 – 1938) ravissait le public avec ses films où il introduisait les premiers effets spéciaux.
Le public est fou de ses petits films intitulés « Voyages à travers l’impossible ».
Il en réalise près de 600, projetés dans les cinémas extérieurs installés dans les fêtes foraines.
Jusqu’au jour où, en 1902, il présente pour la première fois son « Voyage dans la Lune », « long métrage » d’une quinzaine de minutes.

Enfant, j’en avais vu des passages à la télévision, et j’avais gardé en mémoire l’image culte de la Lune, face paisible et ronde, qui prend dans l’oeil une capsule spatiale ressemblant à un obus.
L’impression de voir se réaliser les fantasmes de Jules Verne!
J’ai eu envie de revoir ce film en entier, ce qu’Internet rend possible avec une facilité déconcertante.

Méliès avait réalisé une version noir/blanc et une version couleur coloriée à la main de son film, .
Mais cette dernière avait, dit-on, été perdue.
En 1993, la bobine, très endommagée, a été retrouvée à Barcelone.
Et  en 2010, Lobster Films, la Fondation Groupama Gan pour le cinéma et la Fondation Technicolor pour le patrimoine du cinéma, se sont unis pour restaurer et numériser le film.
Le travail a coûté 400’000 euros, et cette version a été présentée en ouverture du 64e Festival de Cannes, en 2011.
Si je ne suis pas fan de la bande-son ajoutée au film (j’aurais préféré les mélodies qui accompagnaient les projections à l’époque, interprétées par un  musicien en direct), j’ai adoré voir ce petit chef-d’oeuvre dont je vous laisse le lien ci-dessous.
Naïf, maladroit, drôle (voir les explorateurs se battre contre les habitants de la Lune à coups de parapluie est plutôt savoureux!), il montre un voyage au cours duquel les explorateurs embarquent en redingotes et en chapeau haut-de-forme, et où ils bivouaquent sur la Lune sans complexe.
Leur départ est accompagné en fanfare par des jeunes femmes aux jambes nues (tenue plutôt osée pour l’époque!) , et le lancement de la capsule est assuré par une mise à feu provoquée par un homme armé d’une allumette surdimensionnée.
C’est amusant, émouvant…
Ainsi rêvait Georges Méliès…

Martine Bernier

 

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