Bichon havanais: Pomme et la dispute

pomme 2014

C’est très rare, mais il arrive que Pomme et moi ayons des divergences de vue sur l’un ou l’autre point.
Ca a été le cas hier.
Lorsque mon Capitaine rentre au petit matin pour raisons professionnelles, je suis intransigeante: il faut faire silence pour qu’il puisse dormir.
Or, ce n’est pas l’avis de Pomme.
Elle veut vivre sa vie à sa guise.
D’autant que le matin, justement, elle estime avoir mille raisons valables pour aboyer.
Dans ces cas-là, le scénario est toujours sensiblement le même.

Installée dans son panier, à côté de mon bureau où j’écris, elle pousse un aboiement strident qui me fait systématiquement sursauter et qui déclenche chez moi un immédiat « Pomme! Non! ».
En général, elle me lance un regard de reproche, outrée de voir que je lui interdis la liberté d’expression, et pousse un deuxième aboiement, beaucoup plus discret cette fois, pour me montrer qu’elle aussi a son caractère.
Ma réaction est identique à la première: « Non! »
Elle se contente alors de grogner une ou deux fois, histoire d’avoir le dernier mot, déclenchant des « chhhut » énergiques.

Hier, même scénario.
Un petit bruit a déclenché un gros aboiement suivi par une cavalcade vers la porte d’entrée.
Vous allez dire que vu le calibre de mon Mogwaï, tout est relatif.
C’est vrai.
Mais quand même: je lui ai intimé l’ordre sec de retourner dans son panier.
Pas de chance: elle avait raison…. dans la minute qui a suivi, le facteur a sonné à la porte.
Le silence s’est réinstallé pendant un bon quart d’heure… avant d’être à nouveau déchiré par un autre  aboiement et une nouvelle course vers la porte.
Cette fois, personne à l’horizon.
Elle aboyait juste pour le plaisir.
Toujours investie de la mission de protéger le sommeil de mon Capitaine, je me suis fâchée sérieusement.
J’ai élevé la voix et l’ai poussée vers mon bureau en lui intimant à nouveau l’ordre de retourner dans son panier et de se taire.
J’étais tellement agacée qu’elle l’a compris.
Il est très, très rare que j’élève la voix… elle ne me connait pas dans ce rôle.
Je suis retournée à mon clavier et j’ai jeté un coup d’oeil vers elle.
Contrairement à son habitude, elle n’a pas poursuivi son manège du « c’est moi qui aurai le dernier mot ».
Les pattes croisées pendouillant sur le bord de son panier elle regardait dans le vague, en direction du balcon.
Il était clair qu’elle était perturbée.
Et… je l’étais aussi.
Ni elle ni moi ne nous sentons bien lorsque nous nous disputons.

J’ai tourné ma chaise vers elle: « Pomme? »
Elle a haussé les épaules (si!!), continuant à regarder avec insistance dans la direction opposée, dans la position de la vierge outragée.
« Pomme?… »
Cette fois, elle a planté son regard dans le mien.
« Viens… »
J’ai dû répéter ma demande pour qu’elle consente à se lever et à se diriger vers moi à petits pas.
Elle s’est assise en bouddha à quelques centimètres de moi et a levé les yeux.
Je l’ai prise sur mes genoux.
Elle a posé ses pattes de devant sur mes épaules, toujours réservée, et j’ai commencé à lui parler.
« Je suis désolée, je n’aurais pas dû m’énerver. Mais avoue que tu peux être agaçante, parfois! Bruno dort… tu ne peux pas faire de bruit. Tu le sais. »
Elle penchait la tête de droite à gauche, comme si elle comprenait.
Quand j’ai eu terminé mon discours, elle m’a gratifiée de délicates léchouilles sur le nez.
Sa manière à elle de fumer le calumet de la paix.
Puis elle a sauté de mes genoux et s’est réinstallée dans son panier.
Deux minutes plus tard, suite à un léger petit bruit dans la maison, elle a poussé un grognement.
Je me suis retournée vers elle, indignée: « Mais…!!! »
Et j’ai constaté…. qu’elle me regardait avec un message très clair au fond des prunelles: mon Mogwaï se moquait de moi!
Martine Bernier

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