Ebaubi? Vraiment?

Comme mon Capitaine et moi avons travaillé tout l’été sans discontinuer, nous nous sommes octroyé un jour de liberté ce vendredi.
L’excuse était que nous avions des emplettes à effectuer pour « notre rentrée »…. sachant que, en ce qui concerne ma consommation d’encre et de cahiers, ma « rentrée » à moi est quasi perpétuelle.
Tôt matin, Pomme a donc sauté dans la voiture et nous sommes partis pour la France, bien décidés à faire de cette petite sortie une joyeuse escapade.
Première halte dans l’un de nos magasins préférés, où sont vendues les fournitures de bureaux.
Et me revoilà engagée avec délices dans ma quête habituelle: trouver des cahier à spirales grands formats, quadrillés et aussi épais que possible.
Je les voudrais énormes… ils ne sont que dodus.
Le plaisir, dans la recherche du Graal, est de mettre un temps infini avant de le dénicher!
L’achat des cartouches d’encre est moins amusant, mais nous faisons le plein nécessaire.
Au-milieu de notre opération « renflouement », mon Capitaine me dit:
– Viens voir… ils ont des Paperbanks!

J’ai déjà dit que je parlerais bientôt de ces merveilles que je collectionne.
Un petit rayon était consacré à ces cahiers et carnets somptueux.
Nous les regardons, les retournons, les admirons… et Celui qui m’accompagne en glisse deux dans son panier.
Cet homme est un ange…

A chaque fois que nous partons pour une « virée course », nous nous occupons de Pomme entre deux magasins.
Elle est sortie, abreuvée, cajolée… et nous repartons pour l’étape suivante où la voiture est toujours à l’ombre.
Il s’agissait d’un magasin que nous aimons autant l’un que l’autre: Majuscule, une librairie papeterie qui, à nos yeux, ne cumule que des qualités.
J’avais envie d’acheter quelques livres de Oui-Oui et du Club des Cinq pour pouvoir les lire à nos petits-enfants… même s’ils n’ont pas tous, et de loin, l’âge de les comprendre.
Au bout d’un moment, mon Capitaine a lancé un sonore:  « bon, moi je file! »
Oups.
Je lui ai emboîté le pas alors qu’il était déjà à la caisse.
J’ai posé mes Oui-Oui à côté de ses propres achats et c’est là, après avoir constaté qu’il levait les yeux au ciel, que j’ai réalisé qu’il avait pris… un nouveau paperbanks et le dernier Amélie Nothomb que j’attends chaque année comme le retour des cerisiers en fleurs!
Devant mon large sourire, la vendeuse a demandé:
– Je comptabilise le tout ensemble?
Et Bruno, avec son plus charmant sourire, a répondu:
– Non… nous n’avons pas les mêmes lectures!

La matinée a été au diapason: légère, amusante…
Vers midi, mon Capitaine annonce:
– Je t’emmène déjeuner dans le resto où je me suis trouvé lorsque je suis tombé en panne il y a quelques semaines. Pomme le connait déjà, elle était avec moi la première fois.
Au-delà de Thollon, en altitude, un restaurant très calme.
Lorsque nous sommes ensemble, nos conversations sont toujours très animées, souvent ponctuées par des rires.
Cette fois, dans la conversation, mon géant a eu l’outrecuidance de m’appeler « ma poule ».
L’oeil pétillant, il savait que j’allais réagir.
– Hum. « Ma poule »… je n’aime pas. C’est lourd.
– Ah? Et que vas-tu faire si je continue?
– Et bien… tu vas provoquer mon ire!
Il rit:
– Je crois que je n’ai jamais croisé ce mot ailleurs que dans les mots croisés et dans mes bouquins d’histoire médiévale!
– Voui… je l’aime bien! Il y en a d’autres qui se trouvent dans ma boîte des mots préférés, note.
– Comme?
– Ébaubi, par exemple.
– Tsss… celui-là est trop connu! Tu l’emploies souvent!
– Souvent? Depuis que nous nous sommes rencontrés, si je l’ai prononcé deux fois, c’est beaucoup…
– Non, non, au moins quatre! Je m’en souviens très bien! Alors, la première fois, c’était…

Il lève le pouce, faisant semblant de partir dans une énumération dont il a soi disant gardé un souvenir précis.
La scène est d’une drôlerie irrésistible.
– N’empêche… tu me dis qu’il est commun… Alors donne-moi sa signification?
– Réjouis!
– Non.
– Consterné!
– Encore non!
– En fait, je le sais, mais je ne retombe pas sur le mot…
– Étonné.
– C’est exactement ce que je voulais dire!

Il est de mauvaise foi, soit, mais toujours avec ce petit air malicieux qui rend tout léger et joyeux.
Pour la peine, c’est moi qui régale.
D’autant que je voudrais lui proposer une activité pour la fin de la journée, lorsque nous serons rentrés.
– Tu sais, j’aimerais vider entièrement l’une de mes bibliothèques pour ne la remplir qu’avec des livres pour enfants. Ce sera la bibliothèque des petits, rien que pour eux…

Aussitôt dit, aussitôt fait.
Nous vidons l’une de mes bibliothèques, réunissons tous les livres pour enfants que nous avons déjà accumulés pour nos petits-enfants, les classons, sacrifions quelques-un de mes bouquins au passage, rajoutons quelques  jeux…
– Et voilà! En bas, j’ai mis les livres cartonnés, pour les petites mains, puis les histoires. Ici, il y a les livres de jeux et de coloriage, là les encyclo… Plus hauts, ce sont les livres plus fragiles, et ceux pour les plus grands.  Comme celui que j’avais promis d’acheter sur les métiers, pour le montrer à Kim. Et nous pourrons continuer à la remplir!
Nous sommes satisfaits.
Il ne nous reste plus qu’à trouver un beau coffre à jouets, à l’installer au salon et à continuer à le remplir avec de quoi distraire les petits lorsqu’ils se retrouvent chez nous.
Je regarde mon Capitaine.
A son expression, je vois bien qu’il est heureux.
Encore une fois… nous sommes au diapason.

Martine Bernier

 

 

 

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4 réflexions sur “Ebaubi? Vraiment?”

  1. tiereliers monique

    T’es pas toute seule Martine …… j ai aussi la folie des Paperblanks ( je trouve qu’il y en a des masculins et des féminins) mais encore jamais vu d’homme qui en achetait ou s’en servait…… faudrait faire une étude sur ce sujet 🙂 jolie escapade !!

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