Bichon havanais: Pomme la Terreur

C’était dimanche matin.
Le village dormait encore lorsque Pomme et moi sommes sorties pour la première fois de la journée.
Elle a couru vers le bas du jardin, et s’est postée contre la clôture qui le sépare de la route.
Et là… le regard orienté au-delà de la haie, elle a aboyé.
Comme je n’avais aucune envie de me faire scalper par l’ensemble de mes voisins aspirant à une grasse matinée bien méritée, je suis intervenue en me rapprochant de mon Mogwaï:
– Pomme! Non! Chuuuuuut!

Et c’est là que je l’ai vu.
À l’angle de la haie se trouvait un homme.
Grand et svelte, il devait avoir 45 – 50 ans, avait les cheveux grisonnants… et semblait hésiter à passer devant le jardin.
Je l’ai salué et j’ai souri:
– Je suis désolée, elle n’a pas encore compris qu’elle n’est pas un redoutable chien de garde… Elle y croit encore!

Mon interlocuteur a ri et a repris sa route en direction du village.
Très fière d’elle, Pomme est revenue vers moi, visiblement ravie d’avoir réussi à effrayer quelqu’un.
Elle était si contente d’elle-même que j’ai voulu lui faire plaisir:
– Brrrr… Peuuuuuur!
Et j’ai fait mine de prendre la poudre d’escampette, terrifiée par la présence de mon lion noir.
Elle m’a poursuivie dans le jardin, dans les escaliers puis jusque dans mon bureau, ravie de son effet.

Deux heures plus tard, elle venait me redemander une sortie.
Comme je n’avais pas envie de m’interrompre dans ce que je faisais, je lui ai dit de patienter.
Et là, forte de son nouveau statut de « Terreur », elle a poussé un jappement impérieux se terminant sur une note stridente.
– Hé, ho! Ça ne va pas? Ce n’est pas toi le chef, jusqu’à nouvel ordre! File dans ton panier!

Je savais que cette histoire allait déboucher sur une âpre discussion au cours de laquelle elle allait m’exposer  ses arguments dans tous les modes d’expression qu’elle connaît.
Mais je ne voulais pas lui laisser le dernier mot.
Je tiens à ma place dans la hiérarchie de la meute!
Elle a fini par se mettre en boule dans son panier en me tournant le dos et a poussé un grognement boudeur.
Je lui ai répondu par un « chuuut ».
Elle m’a envoyé  un autre grognement.
Notre manège a duré deux bonnes minutes avant qu’elle ne se taise.

J’avais eu le dernier mot!
Arraché de longue lutte…
Quand je pense que certains prennent les bichons havanais pour des chiens décoratifs!

Martine Bernier

 

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