Bichon havanais: Les friandises de Pomme

Pomme n’est pas un chien vorace.
En revanche, elle est « gourmette » et sait me faire comprendre par un enthousiasme tout à fait inhabituel lorsque les nouvelles croquettes ou les friandises choisies lui plaisent plus que les autres.
Depuis des mois, elle voue un amour démesuré à une friandise pour chien qui a en prime la particularité d’entretenir sa dentition.
Chaque matin, après sa première sortie matinale, elle reçoit sa « récompense » du jour qu’elle emporte sur « son » tapis et qu’elle déguste avec ravissement.
Jusqu’à hier.
Comme d’habitude, je lui avais donné la chose en question qu’elle avait emportée en galopant hors de ma vue.
Un peu plus tard, en sortant de mon bureau, je tombe nez à nez avec la gâterie délaissée.
J’ai aussitôt appelé mon Mogwaï qui est arrivé en gambadant:
– Pomme? Tu as oublié de manger ta récompense?

Elle l’a reniflée sans la toucher et s’est assise en face de moi, dans sa légendaire position du Bouddha.
– Et bien? Tu peux la prendre, tu sais!
J’ai ramassé la friandise et la lui ai tendue.
Sans bouger d’un centimètre, elle la prise délicatement entre ses dents, m’a regardée et… floup.
Elle l’a crachée, lui jetant un regard intéressé lorsqu’elle a atterri sur le sol.
Alerte. Un vent de révolte souffle sur le Nid.
En riant, j’ai repris la récompense abandonnée et je la lui ai redonnée.
Même scénario: elle l’a prise poliment, m’a regardée… et la recrachée.
Ce n’était plus un vent de révolte, c’était pire.
J’étais parmi les Révoltés du Bounty!

– Bon, je n’insiste pas. Mais si tu ne les aimes plus, tu n’en auras plus… Je ne vais pas te forcer.

Nous n’avons plus pensé à l’épisode jusqu’à ce que mon Capitaine me dise, en fin de journée:
– Tu lui as repris sa friandise?
– Non, je la lui ai laissée.
– Elle n’est plus là…

Une fois que j’avais eu le dos tourné, quand elle en avait eu vraiment envie,  Pomme avait fait un sort au biscuit de dentition.
Et là, assise à côté de moi, elle posait sur moi un regard angélique.
– Tu as mangé ta récompense?
Elle s’est dressée sur ses pattes arrières, a posé une patte sur moi en gardant l’autre en l’air, dans sa position fétiche de demoiselle anglaise de bonne famille.
Sa façon à elle de me dire:
– Plaît-il?

Martine Bernier

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