Miss Lecroc, mon sac et moi

Il y a quelques mois, je suis tombée par hasard sur un article parlant du travail de Miss Lecroc.
Cette artiste française s’est lancé un pari original: réaliser 1000 aquarelles de sacs et de leurs contenus.
Ces sacs sont ceux de femmes qui ont eu envie de jouer le jeu.
J’ai vu quelques-unes de ces petites oeuvres joyeuses et colorées.
Et… l’idée a fait son chemin.
Moi qui voue un amour reconnaissant aux sacs qui m’accompagnent et qui accueillent mon fouillis familier, je me suis demandé s’il était encore possible de participer à l’histoire, sachant qu’une partie  des aquarelles a déjà été exposée et qu’un livre est prévu pour le futur, réunissant ces sacs venus de partout.

J’ai donc cherché et trouvé l’adresse de Miss Lecroc, et je suis rentrée en contact avec elle.
La question était: avait-elle terminé sa quête des mille sacs?
Et, si non, aurais-je la possibilité de participer à l’aventure avec mon compagnon de tous les jours?
Elle a accepté, m’a expliqué comment procéder, le prix de son travail et… hop.
J’ai pris en photo mes précieux objets, légendé les images  et lui ai envoyé le tout.
Il ne m’a pas fallu attendre bien longtemps pour recevoir en retour la première esquisse, puis, un peu plus tard, par poste, l’aquarelle définitive, joliment présentée.
La voici ci-dessus…
Chaque objet est respecté, chaque motif est bien réel… un vrai bonheur!
L’histoire ne s’est pas arrêtée là.
Au cours de nos échanges de courrier, j’ai réalisé très vite que Miss Lecroc est une femme charmante.
Lorsque j’ai reçu l’aquarelle, j’ai eu la désagréable surprise de devoir payer des frais de douane qui atteignaient presque le tiers de la somme totale de l’aquarelle.
En lui écrivant pour la remercier et lui dire mon bonheur d’avoir reçu le fruit de son travail, je lui ai signalé ma mésaventure, utile pour elle si elle devait retravailler avec la Suisse.
Mon récit l’a tellement troublée qu’elle a remué ciel et terre pour avoir une explication, souhaitant ensuite rembourser ces frais, ce que j’ai bien sûr refusé. 
Pour moi, ce détail n’assombrissait pas du tout le plaisir de ma précieuse acquisition.

Hier, le facteur m’a apporté un petit paquet.
A l’intérieur, un  carnet paperblanks comme je les adore.
Je l’ai ouvert.
Sur les premières pages, de petites aquarelles représentant un jouet évolutif.
Et ce petit mot, tracé d’une écriture élégante:
« Voici l’histoire inachevée d’un petit bonhomme de bois au pompon rouge qui appartenait à mon fils.
Voilà six années que ce carnet sommeillait dans ma bibliothèque.
J’avais fait le voeu de dessiner toutes les combinaisons que mon fils allait imaginer.
L’entreprise était colossale.
L’exercice a cessé dès la quatrième tentative.
Ce carnet sera assurément plus chanceux entre vos mains expertes.
Il aura tout au moins le mérite de ne pas avoir ses premières pages blanche… »

Je n’oublierai pas ma rencontre avec cette délicate artiste au coeur si tendre, que je serais heureuse de croiser un jour…

Martine Bernier