Le citronnier

Mon Capitaine est un véritable jardinier dans l’âme.
Comme sa maman, il est capable de faire pousser n’importe quoi, y compris les végétaux les plus improbables.
Il aime toutes les plantes, ne supporte pas que l’on se débarrasse de l’une d’entre elles, sait d’instinct ce dont a besoin chacune d’entre elles.
C’est ainsi que chaque année, comme j’en ai déjà parlé ici, la terrasse est transformée en un havre fleuri dont je profite dès les premiers beaux jours.
Outre les fleurs à profusion, y grandissent aussi des hôtes inattendus, comme trois ceps de vigne qui, en principe, n’avaient aucune chance de repartir, un figuier, un laurier, et un plaqueminier obtenu en plantant tout bêtement une graine de kaki.
Ce dernier m’arrive presque à la taille et dispose d’un tronc étonnamment solide.

Parmi tous ses protégés, Celui qui m’accompagne a un préféré: son citronnier.
Un citronnier qui l’a accompagné depuis la Franche-Comté lorsqu’il est venu me rejoindre en Suisse et qui, depuis, vit avec nous au rythme des saisons.
Dès les premières gelées, il rentre pour passer l’hiver dans le couloir.
Et dès que le printemps pointe son nez, il monte de quelques marches et refait son apparition dans l’appartement, avec un emploi du temps très particulier.
Mon bureau lui sert alors de gare de transit.
Chaque matin, mon Capitaine le pose précieusement sur le balcon pour qu’il profite du soleil, et le rentre le soir  pour ne pas qu’il soit surpris par le froid.
Voilà quelques semaines, nous avions acheté un petit meuble à roulettes rempli de tiroirs pour que je puisse y classer certains documents.
Une aubaine pour mon jardinier qui a décidé qu’il ferait un excellent support pour recevoir son fameux citronnier durant la nuit.
En ce moment, mon colocataire imposé est en fleurs.
Mais sans doute me suis-je habituée à son parfum capiteux: je dois m’approcher de lui jusqu’à l’avoir sous le nez pour le repérer.
Depuis quelques jours, le balcon se transforme peu à peu.
La première jonquille y fleurit depuis deux jours, les bacs à fleurs se préparent à recevoir leurs habitants.
Et dans quelques semaines, nous aurons des citrons…

Martine Bernier

 

par

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *