Le visage du week-end

Je crois que jusqu’à la fin de mes jours, j’entretiendrai avec mon bureau une relation décidément très particulière.
Il est la pièce de la maison qui me fascine le plus, celle que j’ai investie plus que toutes les autres.
Chaque jour de la semaine, j’y travaille pendant des heures.
Lorsque j’ai énormément de travail, je regarde les piles de dossiers et mes différents carnets de notes qui attendent que je m’y consacre.
Une chose après l’autre…
Chaque tâche est toujours notée sur de grandes feuilles aux couleurs vives que je repère plus facilement au milieu de mes papiers.
Classées par ordre d’urgence.
Souvent, j’ai l’impression de ne jamais arriver au bout: plus je coche les tâches accomplies, plus d’autres à faire viennent s’y ajouter.
Dans ces cas-là, je ne respecte ni les horaires de bureau, ni les week-ends de repos, ni les jours fériés!
Il faut avancer, respecter les délais pour éviter de mettre toute une équipe dans l’embarras, prendre de l’avance sur les petites choses urgentes pour désembouteiller la journée suivante.
Entrer dans mon bureau devient alors une démarche de combattant, comme c’est souvent le cas pour la plupart d’entre nous lorsque nous arrivons au travail.
En franchissant le seuil de mon bureau, j’ai l’impression ces jours-là de pénétrer chaque jour dans une arène.

Et puis, il y a les jours d’accalmie, beaucoup plus rares mais si précieux, comme ce week-end.
Évidemment, j’ai travaillé hier pour me mettre à jour.
Et j’ai deux petites  interviews à faire en principe aujourd’hui.
Mais ce ne sont que de jolis moments et je le sais.
Rien à voir avec le rythme effréné que je m’impose depuis des mois.

Je sais aussi que l’écriture attendra mardi et que je peux m’accorder quelques heures de répit.
Ce matin donc… je n’ai pas abordé mon bureau comme d’habitude.
En y entrant, je n’ai pas pénétré dans mon lieu de travail, mais dans mon havre.
Il arbore aujourd’hui son visage accueillant, ses trésors que j’aime redécouvrir.
J’y retrouve ces livres que j’ai envie de feuilleter encore et encore, ces activités de loisirs auxquelles j’ai rarement le temps de me consacrer, ces « écrits privés » auxquels je m’attèle pour mes enfants et mes petits-enfants…
C’est étrange…
Je n’ai pas le poids de la pression quotidienne et je savoure chaque minute passée dans cet endroit qui est bel et bien mon refuge…
Je regarde différemment les fleurs plantées sur le balcon par mon Capitaine pour alléger les journées.
Il pleut, ce qui met Pomme de mauvaise humeur.
Mais la présence de la pluie contribue davantage encore à me donner l’impression d’être dans une bulle dans laquelle je fais remonter ma jauge d’énergie.
C’est… délicieux!

Martine Bernier

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