Camille Claudel 1915

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– J’ai voulu voir le film sur Arte, consacré à Camille Claudel. Je n’ai pas pu le regarder jusqu’au bout.
– Le film avec Isabelle Adjani?
– Non, un autre. Je l’ai détesté… Ne le regarde pas, tu vas être déçue.

Evidemment, j’ai fait l’inverse…
Grâce au « replay »  qui permet, sur les télévisions, de revoir les programmes que nous avons pu manquer, j’ai donc revisionné ce film de 2013 un soir de cette semaine.
Ou plutôt deux soirs de cette semaine… car je n’ai pas eu le courage de le voir en une fois.
J’en ai déjà parlé ici: le destin de Camille Claudel me bouleverse.
Internée en hôpital psychiatrique en 1913, elle y mourra en 1943.

Le film « Camille Claudel 1915 » de Bruno Dumont évoque ce qu’a été son quotidien désespéré entre les murs de l’asile d’aliénés de Montdevergues à Montflavet, près d’Avignon.
J’ai très vite compris pourquoi ma maman de coeur, qui m’a parlé de ce film, n’a pas pu supporter de le voir jusqu’au bout.
Avec un réalisme déchirant, le réalisateur a choisi de représenter le quotidien épouvantable qu’a vécu cette merveilleuse artiste sacrifiée par sa famille.
Durant les trois quarts du film, nous partageons son désespoir, l’horreur de la situation qui la confronte à la folie et au handicap mental des autres pensionnaires.
Elle est là, murée dans son silence, à attendre un changement, une délivrance qui n’arrive pas.
L’atmosphère était tellement terrifiante, tellement lourde, que j’ai interrompu le film.
Mais, la nuit, je m’en suis voulue.
Et le lendemain soir, tard, j’ai regardé la fin.
Camille mettait tout son espoir dans la visite annoncé de son frère, Paul Claudel.
Quand enfin il arrive… nous assistons à un entretien surréaliste.
Et nous ressentons plus encore le désespoir qui l’a écrasée…

J’ai rarement vu un film aussi dur, aussi lourd, mais aussi fidèle à ce qu’a dû être la réalité.
Et, surtout… il y a Juliette Binoche, poignante, extraordinaire dans ce rôle.
Elle est entourée de véritables patients.
Et l’on peut imaginer la difficulté du tournage, la sensibilité infinie qu’il a fallu au réalisateur comme à son interprète pour être justes.
Comment Juliette Binoche a-t-elle fait pour ne pas être happée par l’horreur de la situation, par la détresse de son personnage, je me le demande encore aujourd’hui.
Quant à Jean-Luc Vincent, dans le rôle de Paul Claudel, son talent est à la mesure du sentiment de révolte qu’inspire son personnage.

Martine Bernier

 

 

 

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