La patience de mon Capitaine

Si mon Capitaine peut s’énerver copieusement sur certains sujets de la vie quotidienne, je ne l’ai jamais vu s’agacer de ma distraction.
Et pourtant…

Samedi matin, déjà arrivés à St-Gingolph, soit à près de dix kilomètres du Nid, lorsque j’ai réalisé que j’avais oublié mes médicaments.
Gênée, j’ai fait part de ma découverte à Celui qui m’accompagne qui n’a pas hésité.

– On rentre les chercher.
– Mais… je peux peut-être attendre ce soir pour les prendre, et tant pis pour celui de midi.
– Non. Ils doivent être pris à heures fixes: je fais demi-tour.

Et il a repris la conversation là où nous l’avions laissée, tandis que, de mon côté, je me jurais de ne plus laisser ma distraction interférer dans notre journée.
Mission impossible.
Tard le soir, nous nous apprêtions à quitter la terrasse du restaurant où nous avions passé la soirée.
Mon Capitaine avait choisi de traverser le restaurant pour regagner la sortie tandis que je contournais les lieux par le côté herbeux avec Pomme.
Au moment où je m’apprêtais à passer devant la caisse, j’entends tomber quelque chose à côté de moi.
Mince… mes lunettes!
J’ai la fâcheuse habitude de les coincer sur le sommet de mon auguste crâne dès que je ne les utilise pas.
Vérification faite, elles n’y sont plus.
Si elles sont tombées, comment vais-je pouvoir les retrouver dans la nuit noire?
Je jette un coup d’oeil à mon Capitaine qui, à quelques mètres de moi, me lance un regard interrogateur.
Je prends une mine déconfite et me tapote la tête.
Il a compris.
Mais contrairement à ce que j’attendais, il ne compatit pas.
Il affiche même un sourire hilare alors que je continue à chercher.
En une fraction de seconde, plusieurs pensées se sont bousculées: pourquoi rit-il?
Et comment ai-je pu le voir sourire alors que je n’y vois pas clairement à trois mètres?
Un doute m’est venu.
J’ai touché mon nez… sur lequel mes lunettes trônaient sagement.
Hum.
J’ai rejoint mon Capitaine qui affichait une mine ravie, mais qui a eu le tact de parler d’autre chose, me glissant juste au passage: « J’ai du mérite… »

Martine Bernier

 

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