« Tu sais, personne ne me parle… »

Le téléphone sonne hier dans la soirée.
C’est Jee, ma belle-fille, avec laquelle nous parlons régulièrement, de tout et de rien.
La première dent de Timoté, les farces de Nawee, la douceur de Kim avec ses petits frères, la crainte commune que nous avons de savoir Yann sur la route par ce temps venteux…
Nous en venons ensuite à parler du permis de conduire qu’elle tente de repasser.
Elle était à un cheveu de décrocher son code, et réétudie en ce moment pour ne plus chuter à une question du but.
Je lui demande si elle sait quelles sont les erreurs qu’elle a commises.
Et elle me répond: « Non. Tu sais, là-bas, on ne me parle pas. Je souris à tout le monde, pourtant, mais personne ne vient vers moi. Et quand je pose des questions, on ne me répond pas… On me dit juste que je ne dois pas oublier de payer. »

Je crois que je dois avoir un petit reste d’instinct de louve en moi…
Lorsque l’on fait de la peine à quelqu’un que j’aime, je suis prête à monter au combat.
Mais là… contre quoi, contre qui lutter?
Notre Fleur d’Asie venue de Thaïlande parle aujourd’hui couramment français.
Elle tient des conversations tout à fait riches, comprend pratiquement tout… et tous ceux qui la découvrent réalisent très vite qu’elle possède un solide sens de l’humour!
C’est une jeune femme belle, intelligente, pleine d’empathie, une maman merveilleuse.
Elle aime tous les enfants, les siens et ceux des autres, a l’instinct pour les éduquer avec justesse, sans en faire trop ou pas assez.
Sensible, elle respecte les autres et je ne l’ai jamais vue faire souffrir qui que ce soit.
Elle a une foule de centres d’intérêt, de nombreux talents dont certains insolites, est capable, par exemple, de me sidérer en réalisant devant moi une cocotte en papier de la taille d’un grain de riz.
Elle est courageuse, pleine d’énergie, ne se plaint jamais, est ouverte aux autres…
Nous avons des projets ensemble, et la voir est toujours un véritable bonheur pour moi comme pour mon Capitaine.

Et là…
Ce qu’elle m’a dit m’a brisé le coeur.
Deux ou trois mois plus tôt, lors d’une fête où nous étions présents tous ensemble, quelqu’un l’avait prise à partie de manière insultante.
Elle ne me l’avait confié que plusieurs semaines plus tard.
Comme souvent, la crainte de l’inconnu, la bêtise ou tout bêtement l’indifférence ont encore frappé.
Dommage pour celles et ceux qui sont passés à côté de Jee sans même lui sourire: ils se privent d’une formidable personne!

Martine Bernier

par

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *