Un joyau de la littérature japonaise…

Sei Shônagon, illustration d'une édition de Hyakunin Isshu
Sei Shônagon, illustration d’une édition de Hyakunin Isshu

L’écriture est une merveille…
J’ai envie de partager avec vous un extrait  de « Notes de chevet » de Sei Shônagon.
Celle qui a écrit ces lignes était Dame de la Cour impériale japonaise au XIème siècle, attachée à la princesse Sadako, décédée en l’an 1000.
« Notes de chevet » est un ouvrage du genre « sôshi », qui veut dire « écrits intimes ».
Cette femme est aujourd’hui encore l’une des plus illustres parmi les grands écrivains féminins du Japon.
Ce livre a été édité en français  en 1966 chez Gallimard, merveilleusement traduit du japonais par André Beaujard.
Auparavant, une autre version avait été publiée chez Stock en 1928.
On le trouve également en Livre de Poche, il est donc accessible à tous, pour quelques francs.Sei_Shonagon_-_Tsukioka_Settei
162 notes sont à découvrir dans ces pages

Ce matin, je voulais vous offrir un extrait de cette écriture raffinée, simple, mais qui nous transporte dans cette époque reculée.
Tout y est si bien écrit que j’ai l’impression, lorsque je relis ces lignes, de me trouver dans un coin de la chambre de Dame Sei Shônagon, de voir ce qu’elle décrit, de sentir les parfums dont elle parle.
C’est ce que j’appelle un joyau de la littérature…

« 18. Choses qui font battre le cœur.

Des moineaux qui nourrissent leurs petits.
Passer devant un endroit où l’on fait jouer de petits enfants.
Se coucher seule dans une chambre délicieusement parfumée d’encens.
S’apercevoir que son miroir de Chine est un peu terni.
Un bel homme, arrêtant sa voiture, dit quelques mots pour annoncer sa visite.
Se laver les cheveux, faire sa toilette, et mettre des habits tout embaumés de parfum.
Même quand personne ne vous voit, on se sent heureuse, au fond du cœur.
Une nuit où l’on attend quelqu’un. Tout à coup, on est surpris par le bruit de l’averse que le vent jette contre la maison. »

19. Choses qui font naître un doux souvenir du passé

Les roses trémières désséchées.
Les objets qui servirent à la fête des poupées.
Un petit morceau d’étoffe violette ou couleur de vigne, qui vous rappelle la confection d’un costume, et que l’on découvre dans un livre où il est resté, pressé.
Un jour de pluie, où l’on s’ennuie, on retrouve les lettres d’un homme jadis aimé.
Un éventail chauve-souris de l’an passé.
Une nuit où la lune est claire.

Je dédie l’Ecriplume de ce matin à deux femmes qui se promènent de temps en temps sur les pages de ce jardin de mots: Anne-Marie, au Canada, et Kty, en France, auxquelles j’adresse une grande bouffée  de poésie matinale!

Martine Bernier

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