Cher Jean-Pierre…

171352J’avais prévu de consacrer un Ecriplume à un tout autre sujet.
Et puis, en me levant,  j’ai consulté mes mails et j’ai appris le décès de Jean-Pierre Coffe…
Et me voilà teinte de tristesse comme je le suis lorsque s’en va quelqu’un que j’aimais et que je pensais ou voulais imaginer immortel.

Il faisait partie de ces personnes avec lesquelles se tissent des liens un peu différents, au fil des rencontres et des interviews.
Depuis près de dix ans, j’avais eu la chance de travailler avec lui plusieurs fois.
Notre première rencontre n’avait pas été ma préférée: il aurait mieux valu que nous ayons un tête-à-tête.
Nous en avions reparlé par la suite, et nous avions convenu qu’en effet, nous étions entourés par deux personnes qui n’avaient pas à être là à ce moment.
Il avait gardé de ce moment un souvenir amusant: je lui avais apporté des produits suisses, dont du vin auquel il avait fait honneur… arrivant un peu pompette sur le plateau de  Vivement Dimanche où il devait enregistrer l’émission de Michel Drucker dans l’après-midi.

Tous les autres contacts ont été très différents.
Y compris un repas auquel il m’avait invitée avec mon ami Thierry, chez  Lenôtre, sur les Champs-Élysées, lieu où il était connu comme le loup blanc.
Au fil des entretiens, des coups de fil et des confidences, nous avions établi un lien affectueux, très chaleureux.
A chaque fois que je lui demandais quelque chose, il répondait présent.
J’en voulais toujours un peu à ceux qui, lorsque l’on parlait de lui, mettaient en avant ses célèbres coups de gueule ou tirades hautes en couleur.
C’est d’ailleurs ce qui ressort encore dans les articles qui lui sont consacrés ce matin.
L’homme que je connaissais était très sensible, généreux, infiniment drôle et prévenant.

Notre dernière conversation a eu lieu il y a quelques mois, suite à la sortie de sa biographie.
Nous avions parlé longuement, par téléphone.
A la fin de notre entretien, il m’a dit:
– Ah, la Suisse, je l’aime beaucoup… Je vous avais dit pourquoi, n’est-ce pas?
–  Oui. C’est lié à vos souvenirs d’enfance, lorsque vous aviez été placé pour les vacances chez une famille d’agriculteurs jurassiens, alors que vous étiez pupille de la Nation…
– C’est cela. C’est là que j’ai développé mon goût pour les bonnes choses. J’y retourne régulièrement, j’ai quelques bons amis, chez vous.
– Si j’osais…
Il avait ri:
– Osez, Martine, nous nous connaissons bien et depuis longtemps,maintenant!
– Je sais que vous aimez bien découvrir de bonnes adresses. Au cours d’un prochain séjour, si vous acceptiez, mon mari et moi pourrions vous emmener dans un  merveilleux petit restaurant perché en montagne, en Valais.
– Et pourquoi pas? Je pense revenir dans le canton de Vaud cet été. Mais je vous préviens: je ne suis pas véhiculé.
– Aucun problème: nous viendrions vous chercher et nous nous occupons de votre hébergement.
– Vous me garantissez que l’endroit vaut la peine?
– Mieux que cela! Il est peuplé de personnes chaleureuses et la cuisine est excellente, intégralement composée de produits frais.
– Si vous me prenez par les sentiments!

Notre conversation avait pris un tour plus intime.
Nous avions reparlé de tout ce que nous avions déjà partagé professionnellement, et du petit lien qui s’était établi entre nous.
Il avait conclu en me faisant cadeau d’une phrase adorable:
– Désormais, vous le savez je compte une amie de plus en Suisse!

Une amie qui a beaucoup de peine, ce matin.

Martine Bernier

 

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