Bichon havanais: Pomme et le vétérinaire (3)

– Tu viens, Pomme? Je vais te coiffer un peu.

Elle m’a jeté un regard interloqué.
La coiffer? Encore?
Je l’ai déjà fait ce week-end!
Il y a anguille sous roche…
Je lui explique:
– Heu… c’est juste un petit coup de brosse… nous t’emmenons chez le vétérinaire pour tes vaccins.

Elle n’a pas réagi aux derniers mots, envisageant simplement une sortie en famille, activité pour laquelle elle est toujours partante.
Avec enthousiasme, quelques minutes plus tard, elle sautait donc dans la voiture.
Arrivée chez le vétérinaire, elle n’a pas cillé.
Elle avait même l’air plutôt contente de rentrer dans la salle d’attente où se trouvait déjà l’un de ses lointains cousins: un bichon maltais.
Celui-ci tremblait de la tête au pied, affichant une mine pitoyable.
Visiblement, il n’était pas follement heureux d’être là… en dépit des messages de sympathie que lui envoyait mon Mogwaï.

Nous n’avons pas dû attendre plus de trois minutes avant d’être appelés.
En entrant dans la salle de soins, Pomme a poliment dit bonjour au vétérinaire, toujours aussi souriant et sympathique.
C’est lorsque je l’ai posée sur la table d’auscultation qu’elle semble s’être souvenue que ce n’est pas un lieu et une activité qu’elle affectionne particulièrement.
L’une des assistantes lui a apporté deux petites friandises… qu’elle a snobées.
Et la visite annuelle  a commencé…
J’ai expliqué qu’elle semblait avoir un souci aux oreilles, ce qui est assez courant chez elle, et que j’ai commencé à la soigner, mais que je voulais être bien sûre que mon réflexe avait été le bon.
Au mot « oreilles », j’ai vu mon Mogwaï me lancer un regard lourd de reproches.
Il voulait clairement dire: « Mais tu es malade de lui parler d’oreilles! Tu sais bien que ça le rend fou! »
Elle n’avait pas complètement tort…
Une deuxième assistante, très jeune et peu expérimentée, a sauté sur Pomme pour la maîtriser d’une manière presque démesurée tandis que le vétérinaire commençait son auscultation, en profitant pour épiler l’intérieur des oreilles.
Pomme est un petit chien courageux qui n’a pas l’habitude de se plaindre.
Mais elle a poussé un petit cri de douleur.
Oreilles, ongles coupés, vaccin… lorsque tout a été terminé, je l’ai prise dans mes bras et l’ai déposée par terre.
Elle a quitté la pièce avec un enthousiasme certain, ne prenant pas la peine de saluer ce charmant monsieur qui se change en tortionnaire à chaque fois qu’elle vient lui rendre visite.

De retour au Nid, après lui avoir donné une récompense qu’elle a acceptée avec dignité, je travaillais lorsqu’elle s’est assise à moins d’un mètre de moi, en bouddha, posant sur ma personne un regard interrogateur.
Je me suis tournée vers elle:

-Tu veux me parler? Tu veux venir?

Elle n’est pas de celles qui réclament des câlins sans cesse.
Plutôt autonome, Pomme est beaucoup plus subtile que cela.
Mais là… elle s’est encore approchée et s’est laissée prendre.
Je l’ai posée sur mes genoux, elle a posé ses pattes de devant sur mes épaules et nous avons discuté.
Ou plutôt.. tandis qu’elle fixait un point par la fenêtre, en face d’elle, j’ai monologué puisqu’elle ne veut toujours pas apprendre à parler.

– Ca n’a pas été très drôle, je sais… mais nous étions obligés de t’y emmener pour le vaccin.. Et puis tu sais bien que tu avais un problème aux oreilles…

Oreilles?
Elle plonge son regard dans le mien, comme si elle attendait une explication:

– Tu vois, il a dit que le problème est sous contrôle, et je vais pouvoir continuer à te soigner moi même. C’est bien! Mais… il faut que tu saches que dans deux semaines, nous devrons y retourner pour le deuxième vaccin.

La profondeur incroyable du regard de Pomme me fascinera toujours.
Elle semblait comprendre.
J’ai passé le reste de la journée à lui accorder une attention toute particulière, à la dorloter.
Elle s’est endormie rassurée.

Martine Bernier

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