Le merveilleux souvenir d’Ebih Il…

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Quand je l’ai vue, j’ai eu un coup de foudre foudroyant, comme cela m’arrive de temps en temps devant une oeuvre magistrale.
Cette fois, il s’agissait d’une statue d’albâtre  de 53 cm, présentée par Frédéric Taddeï dans sa formidable émission « d’Art d’art » au cours de laquelle il présente une oeuvre en nous contant son histoire.
Dimanche soir, il s’est attardé sur cette statue d’Ebih-Il, nu-banda, dignitaire du royaume de Mari, en Mésopotamie.
Lisez bien Ebug-« il » et non pas Ebih 2…

Ce chef-d’oeuvre  a été découvert en 1933 sur le site de Mari, sur les rives de l’Euphrate, au sud de la Syrie, à la frontière de l’Irak.
A l’époque d’Ebih-Il, les fidèles avaient pour coutume de déposer des statues à leur effigie dans les temples de Mari afin qu’elles soient placées non loin de leur divinité.
Les artistes les reproduisaient en posture de prière, comme c’est le cas pour celle-ci, qui se trouvait dans le temple de la déesse Ishtar Paris Louvre Antiquities Syria 2400 BC Ebih-Il the Superintendent of Mari Syriavirile qui fut le premier sanctuaire fouillé à Mari.
Au dos était indiqué ceci: Ebih-Il, nu-banda, a offert sa statue pour Ishtar Virile. »
Le nu-banda était un dignitaire faisant partie de l’élite du royaume, doté de fonctions importantes notamment en rapport avec l’armée.
Si la statue en elle-même, avec son visage lumineux, la douceur de ses formes et ses yeux en lapis-lazuli, est une merveille, son histoire est étonnante, elle aussi, comme le racontait Frédéric Taddeï.

Lorsqu’elle a été découverte, la statuette était brisée en deux morceaux.
A l’époque, la Syrie était sous mandat français, ce qui imposait un partage équitable du résultat des fouilles entre les deux pays.
Maurice Dunant, qui était directeur général des antiquités et des musées de Syrie était tombé sous le charme de cette oeuvre qu’il voulait à tout prix faire venir en France.
Pour être sûr que ce soit le cas, il avait préparé deux lots à choix.
Dans le premier figuraient la statue du roi Isi-Mari et la plupart des objets essentiels mis à jour.
Dans l’autre ne se trouvaient que quelques objets et la statue d’Ebih-Il.
Comme il pouvait s’y attendre, le directeur des antiquités du pays a opté pour le premier lot, laissant l’autre partir vers la France.imagem31

Depuis, ce trésor d’albâtre a été restauré et trône au musée du Louvre en tant que chef-d’oeuvre statuaire mésopotamien de la période des dynasties archaïques.
Le journaliste relevait dans son exposé que le fait qu’il se trouve en France n’est peut-être pas une mauvaise chose lorsque l’on voit qu’une grande partie du patrimoine culturel de la Syrie a été pillé, ou saccagé.

Espérons que jamais la folie de l’homme n’ira détruire les merveilles qui se trouvent au Louvre…

Martine Bernier

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