Surmédiatisation?

A travers ces attentats qui ont lieu un peu partout dans le monde, cet été nous fait passer par tous les stades de l’horreur, de la consternation, de la douleur et de l’indignation…
Nous ressentons tous les mêmes sentiments de tristesse.
Pour ma part, à toutes les questions que suscitent en moi ces actes abjects  viennent s’en ajouter d’autres, étroitement liées à mon métier de journaliste.
Je ne travaille plus au sein d’un quotidien depuis plusieurs années, et me considère chanceuse de pouvoir exercer mon métier dans les conditions qui sont les miennes.
Je sais combien le travail de celles et ceux qui couvrent ces faits d’actualité dramatique est difficile…
Les questions que je me pose, j’imagine que toutes les rédactions y réfléchissent.
Depuis des années, il y a une telle surenchère dans l’information qu’il semble vital de tout dire, avec un luxe de détails souvent inutiles.
Je me méfie beaucoup des chaînes d’information continue, non pas en raison du travail des journalistes qui font ce qu’ils peuvent dans des contextes compliqués sans avoir le temps et les moyens de prendre du recul, mais pour l’impact que ce mode de traitement a sur le public.
Dans le cas des attentats, dès la tuerie de Charlie Hebdo, j’ai été très troublée de voir l’attention qui a été apportée aux assassins.
Et cela n’a pas changé depuis.
Leurs noms, leurs visages, un luxe de détails concernant leurs vies, leurs caractères, etc…
Je fais partie de ceux qui souhaiteraient une autre approche.
Tout le monde sait aujourd’hui que ces personnages perçoivent ces actes odieux comme étant la possibilité de mourir en « martyr » en étant projetés dans la lumière.
Publier leurs identités et leurs portraits… n’est-ce pas jouer leur jeu et leur offrir ce plaisir?
Et cela n’encourage-t-il pas d’autres « candidats » à passer à l’acte eux aussi?
Pour moi, les seuls martyrs sont les victimes.
C’est à elles qu’il faut rendre hommage, pour elles qu’il faut se recueillir, ce sont leurs familles qu’il faut soutenir.
Quant aux bourreaux…
Même s’il faut bien sûr donner une information complète, je ne crois pas que ce soit une bonne idée de contribuer à les propulser dans la lumière comme ils l’espèrent.
Connaître leurs noms et voir leurs visages n’apporte pas grand-chose, si ce n’est leur donner la visibilité qu’ils convoitaient.
Cela se discute, je sais…

Martine Bernier

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2 réflexions sur “Surmédiatisation?”

  1. On est parfaitement d’accord ! Il n’y a aucune publicité à faire à la criminalité. C’est comme pour les suicides, les journaux ne les ébruitent pas, afin éviter l’épidémie. Il faudrait proposer aux islamistes une épidémie d’amour…

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