Mal, Papyno?

Je m’étais presque habituée à l’idée.
Aurélien, 2 ans, semblait avoir décidé à m’appeler Pitine pour l’éternité.
Pas Mitine ou Mamytine comme espéré, non.
Pitine.
Joyeux mélange de Papyno et Mamytine.
Je m’étais résignée, jusqu’à ce que…
Jeudi, son Papyno est entré dans le jeu et m’a appelée Pitine lui aussi.
Aussitôt, le petit l’a regardé et lui a répondu: Non: ma-my-tine.
C’était…. aussi inattendu qu’inespéré!
Il l’a plusieurs fois corrigé de la même façon dans la soirée, ne s’adressant plus  à moi qu’en m’appelant Mitine ou Mamytine, comme pour donner l’exemple.

O Bonheur!
Merci, mon Capitaine!

Dans la soirée, après avoir joué longuement avec des playmobil policiers qu’il trouve visiblement très sympathiques, il se penche avec moi sur le dernier livre que j’ai acheté pour la bibliothèque des enfants.
« Le château de la Princesse Dubazar ».
Un livre-jeu en forme de château qu’il aime bien, dans lequel il faut retrouver des objets au milieu de scènes plus farfelues les unes que les autres.1540-1
La semaine précédente, nous avions commencé à l’explorer, et quelque chose avait particulièrement attiré son attention: un petit garçon déguisé en fantôme.
Au départ, ce n’était pas lui qui l’avait le plus intrigué, mais la peur qu’il lisait sur le visage d’une petite fille que l’apparition effrayait.
Il m’avait demandé pourquoi elle avait peur.
Comme mon but n’est pas de le traumatiser à vie en lui parlant de spectres et de revenants, je lui ai expliqué que ce bonhomme malicieux avait voulu faire une farce à sa soeur en se mettant un drap sur la tête pour ressembler à « un gentil petit fantôme ».
Du coup, aux yeux de notre mini lecteur, le fantôme est devenu le personnage principal du livre… avec le roi barbu qui ressemble beaucoup à son Papyno, ce qu’il ne manque pas de remarquer à chaque page.
Mais là aussi, quelque chose l’inquiète… car le roi semble tomber dans l’escalier en milieu de livre.
– Mal, Papyno?
– Non, non… On ne le voit pas sur le dessin, mais en dessous, il y a des coussins, c’est tout doux!
– Tout doux?
– Oui!

Dans le fatras de chaque page où personnages, ustensiles, jouets et autre bric-à-brac se mélangent dans un joyeux bazar, je lui ai montré une grenouille couronnée que l’on retrouve elle aussi dans chaque scène, dans des positions plus ou moins confortables.
Dans l’une des pièces de la maison, elle est pratiquement écrasée par un objet quelconque, situation cocasse qui ne lui plaît pas du tout si l’on en croit sa grimace.
– Oooh… g’enouille… l’a mal?
– Mal je ne sais pas, mais elle est mal installée, oui.
Il avance son visage tout près de la page, regarde attentivement et hoche la tête:
– Pas doux!

Ca, c’est sûr…

Martine Bernier

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