Un soir de cette semaine, je vais ouvrir la porte après qu’un coup de sonnette ait retenti.
Devant moi se trouvait un homme d’une petite soixantaine d’années qui m’a expliqué qu’il venait de vivre de douloureux revers familiaux, qu’il ne trouvait pas d’emploi stable et qu’en attendant des jours meilleurs, il vendait des lithographies en faisant du porte à porte.
Evidemment, j’ai craqué.
Oui, je sais: j’avais une chance sur deux que son histoire soit fausse.
Mais j’avais le même taux de chance pour qu’elle soit vraie…
Ce monsieur était accompagné d’une petite chienne, à peu près de la même race que Pomme.
Elle était d’une couleur indéfinissable, plutôt beige rosé, et était visiblement en moins bonne forme.
Mon interlocuteur m’a indiqué qu’elle avait onze ans et qu’elle avait des problèmes liés à l’âge.
Elle s’appelait « Chipie » et se tenait sagement en retrait, dans l’escalier.
Quand elle a réalisé que Pomme était très amicale et que je lui réservais une caresse, elle a eu une réaction assez inattendue.
Elle est rentrée dans l’appartement, c’est glissée derrière moi, tout contre le mur, dans l’angle du hall, et n’a plus voulu bouger.
Pomme lui donnait de petits coups de langue très tendres, remuait doucement la queue, et avait pour elle des attentions que j’aurais eues pour une dame âgée.
Son maître, après m’avoir remerciée, a rappelé sa petite chienne qui n’avait manifestement aucune envie de partir.
Elle était là, à me regarder…
Et moi, j’avais le coeur serré.
Je sais, je sais… je ne devrais pas.
Finalement, après que son maître ait un peu forcé la voix, elle a consenti à le suivre.
Après son départ, Pomme m’a regardée, longuement.
Nous étions manifestement sur la même longueur d’ondes.
Si le monsieur en question m’avait dit qu’il ne voulait plus d’elle, nous lui aurions fait une place au Nid…
Martine Bernier
