Aurélien et le lézard

Dans la soirée, Aurélien, 2 ans, me demande de réécouter la chanson de Baloo.
Une fois la courte vidéo terminée, je lui dis:
– Tu sais, dans la jungle de Mowgli, il y a d’autres animaux. Des gentils et des méchants. Tu veux en voir un autre?
– Oui. C’est quoi, « la jung’ « ?
– C’est la forêt où vit Mowgli. Je vais te montrer le colonel Hathi… tu vas voir et tu vas me dire ce que c’est comme animal, d’accord?
– Oui!!!

Et hop, l’air célébrissime de la Patrouille des Elephants résonne, images à l’appui.
– Des éléphants!

Et le petit rit aux éclats devant cette patrouille pataude et irrésistible…
Puis il me demande:
– Un autre?
– Un autre animal? Bon. Je vais te montrer Kaa. Il n’est pas très gentil, lui, tu vas voir.

Il suit avec attention les faits et gestes du serpent définitivement catalogué comme étant infréquentable.
La soirée passe…
A quelques minutes de son départ, Aurélien me demande si j’ai peur du « lé-ar ».
Il me faut quelques instants pour comprendre qu’il me parle du lézard qui se trouve dans le coffre à jouets.
Long d’une vingtaine de centimètres, il est réalisé dans une matière souple qui le rend très crédible.
Avec sa gueule ouverte et sa collerette déployée, il est plus vrai que nature.
Je vais le chercher, ce qui ne met pas Aurélien très à l’aise:
– Mamitine! Mets par terre!
– Mais… c’est toi qui a peur,  je crois! Regarde, il est joli!

Mais non.
Pas question pour lui de sympathiser avec la drôle de bestiole.
J’ai donc recours à un ultime stratagème: je fais parler le lézard baptisé Poppi dans la foulée.
Et le petit découvre que le petit saurien a peur de lui, tellement plus grand que lui!
Il lui explique qu’il ne mange que de la salade et qu’il a de toutes petites dents, alors qu’Aurélien, lui… brrr…
Puis il lui montre ses pattes terminées par de minuscules « mains ».
Aurélien accepte de comparer sa propre main avec la sienne.
Enfin, le lézard, curieux, lui demande s’il a une longue queue, lui aussi:
– Ah ben non… j’ai pas de queue…
– Oooh, pauvre de toi… Pomme elle, elle est comme moi. Elle a une grande queue.
– Noooon!
– Si, si!

Une vérification s’impose.
Aurélien se lève en appelant Pomme qui arrive, ravie d’être sollicitée et toujours prête à rendre service.
Un regard suffit pour constater que le lézard n’a pas menti.
–  Ah oui… Pomme a une queue!

Point d’orgue signant à tout jamais l’armistice entre le lézard et le petit garçon: le moment où il enfile son col roulé, ce qui, aux yeux du saurien, est une collerette à la mode des humains.
Lorsque notre petit visiteur est parti ce soir-là, leur relation s’était considérablement améliorée!

Martine Bernier

 

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