Les moustaches de Pomme

– Non mais… Pomme! Qu’est-ce que tu as fait?!

Sur le sol de la cuisine fraîchement nettoyé, une longue traînée de gouttelettes d’eau s’étire du milieu de la pièce au… bol de mon Mogwaï.
Mogwaï qui s’assied  et me regarde d’un air innocent.
En bonne bichonne havanaise qu’elle est, Pomme a de longs poils, et particulièrement de longues moustaches.
Malgré les supplications de mon Capitaine, j’ai toujours refusé de les couper de plus d’un ou deux centimètres de temps en temps.
Mais là… trop, c’est trop, l’heure était venue d’agir.

– D’accord, j’ai compris. Cette fois, adieu les moustaches.

Je m’arme d’une paire de ciseaux et j’invite mon Mogwaï à me suivre sur le canapé recouvert d’une serviette de bain pour la circonstance.

– Tu ne bouges pas: nous allons régler le problème.

Pomme est une chienne adorable, obéissante (enfin… en général) et animée par un immense désir de me faire plaisir.
Mais se laisser toucher les pattes ou la frimousse représente toujours une épreuve qu’elle n’accepte qu’avec beaucoup de réticence.
Il a fallu un bon quart d’heure pour que cette séance de toilettage maison se termine avec un résultat acceptable.
Les deux longues moustaches ont laissé la place à une petite bouille ronde, rigolote et mignonne à souhait.
En la regardant, je ne peux m’empêcher de sourire:

– C’est fou… ça te rajeunit! Tu ressembles à… toi quand tu étais bébé!

Mais  je savais qu’il restait pour elle un examen à passer dont dépendait une grande partie de son moral.
Je suis allée rejoindre mon Capitaine dans une autre pièce et lui ai expliqué que j’avais enfin accédé à son souhait anti-moustaches.
– Ah! Enfin! Et elle est comment?
– Et bien tu vas voir… Pomme? Viens te montrer!

Elle s’est fait prier un peu, puis a fini par courir vers son examinateur qui a craqué pour ce nouveau look et le lui a fait comprendre en la cajolant.
Ravie, la petite ombre noire est ressortie de la pièce comme une fusée.
Ce qu’elle ne sait pas encore… c’est qu’à présent que j’ai écourté sa coiffure, sa tête n’est plus en harmonie avec le reste de son corps qui, lui, est toujours affublé de son pelage hivernal.
Bilan de l’opération: il va falloir que je reprenne les ciseaux pour égaliser un peu tout cela sans pour autant lui offrir sa coupe d’été prématurément.
La vie d’un Mogwaï est compliquée…

Martine Bernier

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