Bichon havanais: Pomme parle!

De retour au Nid après la dernière sortie du soir, je lance à Pomme:
– Va vite sous la douche!

Je pensais faire un voeu pieux en l’incitant à s’y rendre, mais non…
Arrivée dans la salle de bain, mon Mogwaï sur les talons, je n’ai qu’à lui désigner la cabine de douche du doigt pour qu’il s’y rende sans se faire prier.
Je lui rafraîchis les pattes, les sèche, puis je lui dis:

– Bon, maintenant, nous allons couper les griffes. Cette fois, c’est du sérieux!

J’ai tellement peur de lui faire mal que je coupe les griffes de mon bichon au strict minimum, ce qui ne sert absolument à rien.
Et je me rends compte de mon erreur au bruit qu’elle fait lorsqu’elle marche sur le parquet, et au fait qu’elle… se ronge les ongles!
A ma décharge, ses griffes sont complètement noires, et il est très difficile de savoir quelle est la longueur de sécurité qui évitera de la blesser au coupage.

Cette situation ne pouvait plus durer.
J’ai effectué une immersion dans ma bibliothèque, à la recherche de livres évoquant le sujet.
Lorsque j’ai bien compris quelle était la longueur idéale, je suis passée à l’attaque.
J’ai pris mon Mogwaï et l’ai renversé dans mon bras gauche, à la manière d’un bébé bercé.

Il a aussitôt fait ce qu’il fait depuis quelques mois: il s’est exprimé!
La nouvelle trouvaille de Pomme est de pousser non pas des gémissements, mais quelque chose qui y ressemble, un bruit de gorge très « humain », dont elle se sert pour traduire son bien-être, sa désapprobation, etc.

– Mais… tu devrais m’expliquer ce que tu veux dire quand tu fais cela! A chaque fois, j’ai peur que tu aies mal quelque part!

Pourtant, vérifiée et palpée sous toutes les coutures, elle ne semble avoir aucune douleur… ce que je ferai revérifier par le vétérinaire la prochaine fois que nous lui rendrons visite.
Je prends délicatement la patte avant de Pomme, toujours calée dans mon bras.
Comme je pouvais m’y attendre, elle la retire d’un geste outré.
– Ah non! C’est déjà assez compliqué comme ça! Ne bouge pas, je ne veux pas risquer de te faire mal…

Et je commence la séance…
Chaque ongle de chaque patte est raccourci, sans souci.
Mais pendant toute l’opération, Pomme émet son espèce de gémissement réprobateur à chaque fois que je lui prends une patte.
Quand je m’interromps pour la regarder, nous échangeons de longs regards équivoques.
Mes encouragements n’y font rien: dès que je ne la regarde plus pour me concentrer sur ma tâche, elle recommence son manège.
Jusqu’à ce qu’enfin son supplice prenne fin…
Une petite récompense à la mini et unique cliente de mon salon de manucure, et la voilà galopant allègrement à travers l’appartement, s’élançant à toute vitesse sur le petit tapis du hall à la manière d’Aladin.
A la seule différence qu’elle transforme son tapis volant en lamentable accordéon…
Elle semble rire à chaque fois que je lui adresse la parole et que je redresse le tapis… qu’elle s’empresse de re vandaliser dans la seconde.

Je l’invite une dernière fois à me rejoindre sur le canapé pour lui nettoyer les yeux à l’aide d’un morceau de coton imbibé d’eau de bleuet et hop: la corvée toilette est terminée!
Dans la soirée, je regarde Pomme qui s’est allongée de tout son long, les pattes de devant en l’air, apparemment plongée dans un sommeil profond.
Je lui dis, à voix basse:
– Tu vois que ce n’était pas si terrible…

Et là, du fond de son prétendu sommeil, un long « mmmmm » me répond…

Martine Bernier

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