Les doubles yeux

Entre les lunettes et moi, l’histoire n’a pas toujours été un long fleuve tranquille…
Vers 40 – 45 ans, ma vue jusqu’alors excellente a commencé à me jouer des tours, et j’ai découvert les joies de la myopie.
J’ai mis un temps fou à m’habituer à mes premières paires de lunettes.
Le fait d’avoir cet objet sur le nez me semblait tout à fait incongru et inconfortable.
Les années ont passé, le problème de mes yeux ne s’est pas arrangé, et j’ai appris à gérer ma cohabitation avec mes doubles yeux.
Je ne les porte pas tout le temps, mais je n’hésite plus à faire appel à eux dès que j’en ai besoin.

Depuis quelques semaines, je savais que j’allais devoir me décider à rendre visite à un opticien.
Je voulais faire réparer la branche d’une vieille paire que j’utilise lorsque je suis devant mon écran d’ordinateur, me faire faire une nouvelle paire adaptée à ma vue actuelle afin d’avoir deux paires fiables au quotidien, et en profiter pour investir dans des lunettes solaires de vue.
Le hic?
Il fallait trouver le temps et l’envie de remplir ma mission.
Et, pour commencer, trouver le bon opticien.
J’ai hésité, comparé, réfléchi, et je suis finalement retournée chez celui auquel je me suis adressée la dernière fois.
Pas de spots de publicité prometteurs à la télévision, mais un service impeccable et des prix intéressants.
Cette fois, je savais à peu près ce que je voulais.
Pas question de passer deux heures à essayer des dizaines de paires…
A la charmante conseillère qui s’est occupée de mon cas, j’ai expliqué que je cherchais une forme « papillon » colorée pour la première paire, et plus imposante mais toujours arrondie pour la deuxième.
Une heure plus tard, je montrais mon choix à mon Capitaine et nous découvrions que l’opticienne était française et avait fait ses études dans un petit village, dans la région de Celui qui m’accompagne.
L’ambiance était très détendue, et j’étais ravie de mon choix qui se finalisera dans quelques jours par l’arrivée des lunettes.
Au moment de terminer l’achat, mon interlocutrice m’explique que, si je perds mes lunettes et que je décide d’en reprendre une paire chez eux,  je bénéficierai d’un important rabais.
Je la rassure: je ne pense pas que cela devrait arriver.
En tout cas, ça n’a jamais été le cas jusqu’ici.

Le lendemain, avant de commencer mon travail, je me présente à l’ouverture d’un magasin pour une course rapide.
Et je réalise que, même après avoir fouillé mon sac, je ne retrouve pas mes lunettes que je portais pourtant quelques instants plus tôt.
Ni sur mon nez, ni sur le sommet de mon crâne… disparues!
Mon Capitaine retourne à la voiture par acquis de conscience, me laissant dans un univers flou propre aux myopes… et revient avec mes lunettes, trempées par la pluie.
– Mais… où étaient-elles?
– Sur le sol, à côté de la voiture. Heureusement qu’aucune voiture ne s’est garée là: tu ne les aurais plus retrouvées intactes!

Je ne m’explique absolument pas comment j’ai pu les perdre sans m’en rendre compte.
Comme quoi, il ne faut jamais être trop sûre de soi…

Martine Bernier

 

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