Aurélien et les cartons

A chaque fois que la mise en cartons en vue de notre déménagement connaît une étape marquante, nous demandons à mon fils de préparer Aurélien, bientôt 3 ans, au changement qui l’attend.
Cette fois, il fallait lui annoncer qu’une immense bibliothèque qui isolait la partie salon de la partie salle-à-manger avait disparu.
Même s’il réagit peu à ce que nous lui expliquons sur ce sujet, le petit écoute nos explications sur notre prochain départ, sur ce qui l’attendra dans la future maison, etc.
Mais il lui arrive de ne pas aimer découvrir que la plupart des détails auxquels il est attaché sont dans les cartons.

– Mamitine, je veux voir les petites voitures.
Il parlait des  quatre miniatures qui se trouvaient dans mon bureau.
– Elles ne sont plus là, Loulou… elles sont déjà emballées dans les cartons. Mais tu les reverras dans l’autre maison!

Un peu plus tard, dans la soirée, alors que son papa choisit des plantes sur le balcon, il décide de m’éventer avec deux petits éventails qu’il a sortis de l’un des derniers coffrets qui trône encore au salon:
– Attend, Mamitine, je vais prendre les autres! Ils sont grrrrands: ça fait beaucoup de vent!
Et il se dirige vers mon secrétaire, entièrement vide désormais.

– Heu… Les éventails aussi sont dans les cartons… il n’y a plus rien dans le meuble.
– Je veux voir!

Je m’approche et lui ouvre le secrétaire.
Le découvrir vide semble être un choc pour Aurélien qui me demande:
– Les petits tiroirs avec les petites choses…
– … sont dans un carton…
– Mais… et le « trésor »?
Il parle d’une petite bourse en tissu remplie de pièces de monnaie touristiques représentant des lieux visités:
– Dans les cartons aussi, avec les éventails! Tu veux que nous allions voir Papa et Papyno sur le balcon?
– Oui!

Dans mon bureau, qu’il faut traverser pour se rendre sur la terrasse, il s’attarde, vérifie tout.
Il manque plusieurs bibliothèques, celles qui restent sont vides, beaucoup d’objets ont disparu.
Mais en se hissant sur la pointe des pieds pour voir ce qui reste sur mon bureau, lieu stratégique qui n’a pas encore été dépossédé de ses outils principaux, il sourit en voyant mes deux petites lampes d’inspiration Tiffany.
En hiver, il aime beaucoup les voir éclairer mon poste de travail.
– Allume, Mamitine…
J’obéis, et ces deux points de lumière très doux et colorés que j’affectionne viennent enrichir l’atmosphère de la pièce.
Aurélien sourit et me lance un regard complice.
Il a retrouvé un bout de ce qu’il aime chez nous…

Martine Bernier

par

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *