La stratégie Aurélien

Aurélien, bientôt 3 ans, a une façon très personnelle de désamorcer les situations délicates.
Lundi soir, il nous en a donné deux exemples:

Il entreprend de vider consciencieusement le coffre à jouets et sème son contenu à travers le salon, ce qui pousse son Papyno à intervenir:

– Non, arrête. Là, tu as sorti plein de jouets: il faut que tu en ranges avant d’en sortir d’autres.
Comme à son habitude, son petit interlocuteur tente de noyer le poisson en parlant de tout autre chose en continuant à faire ce qu’il fait, sans le regarder, en espérant sans doute lui faire oublier sa demande.
Mais Papyno insiste:
– Allez! Fais ce que je t’ai demandé!
Ce à quoi il entend le petit bonhomme répondre:
– Tu m’aimes?
Amusé, Papyno poursuit:
– Oui, je t’aime. Mais tu ranges quand même!

******

Dans la soirée, Aurélien est pris de l’une de ces pulsions qui le poussent à me prendre d’assaut, parfois violemment.
Mais cette fois, je ne suis pas décidée à me laisser faire.
Il devient urgent que je m’affirme si je veux éviter de devoir prendre des cours d’auto défense ou de me lancer dans ma biographie: Récit vécu d’un punching-ball!
Avant qu’il ne puisse passer à l’attaque, je m’interpose:
– Ah non! Si tu recommences à me faire mal, je vais me fâcher. C’est interdit, ça. Tu as compris?
Et hop, il recommence à parler, parler, parler de tout autre chose en fuyant mon regard.
Le problème… c’est que je suis aussi têtue que lui.
Je prends ses mains dans les miennes, l’oblige à me regarder et poursuit:
– Tu m’écoutes, là? Je ne veux plus que tu fasses cela.  Sinon je serai très fâchée et je n’aurai plus envie de te voir.
Il me regarde, réfléchit deux secondes et demande:
– Tu m’aimes, Mamitine?
– Oui, je t’aime. Mais tu ne peux pas faire n’importe quoi. Bon, qu’est-ce que tu préfères? Tu essaies encore de me faire mal et je me fâche ou tu me fais un bisou et on est copains?

Il s’approche et m’embrasse.
Le nuage est passé..

*****

Mercredi soir, il revient passer la soirée avec nous.
Et cette fois, il semble avoir retenu  les informations qui lui ont été transmises deux jours plus tôt.
Alors qu’il s’installe contre moi pour jouer de la guitare en duo, puis pour regarder un « Oui-Oui », il attire mon attention sur le fait qu’il a passé son bras délicatement autour de moi:
– Tu vois? Je fais attention de ne pas te faire mal!
– Oui… je suis très touchée, tu es vraiment très gentil…

Un peu plus tard, je lui fais remarquer qu’il faudrait ranger les jouets qui jonchent le sol.
Mais il est fatigué et n’a pas très envie d’obtempérer.
Il tente donc le tout pour le tout et jette un regard à mon Capitaine:
– Range, Papyno!
Amusé, celui-ci se lève, faussement vexé, et se dresse de toute sa hauteur à côté d’Aurélien.
La scène est cocasse…
– Non, mais dis, toi! C’est toi qui va ranger, et vite!
– Non! Allez, Papyno!

Dire qu’il était impressionné serait nettement exagéré…
N’empêche… il a fini par ranger.
Heu… avec moi.

 

Martine Bernier

 

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