Le coureur indien: un drôle de canard…

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La première fois que j’ai vu des canards coureurs indiens remonte à quelques années déjà.
Ils m’avaient séduite, à tel point que j’avais décidé de trouver un élevage afin de pouvoir leur consacrer un article pour une rubrique animalière dont je m’occupais à l’époque.
Et j’ai trouvé…
C’est là que j’ai développé une tendresse particulière pour ces curieux volatiles qui, par leur physique vertical de clergymans affairés, ont des allures de parapluies.
En Angleterre, leurs postures raides leur confèrent un certain prestige et leur valent le surnom de canards pingouins.
Coup de chance pour eux: de tels canards sont maigrichons et ne sont pas faits pour être mangés.
Ils font donc partie des oiseaux d’ornement, et donnent des oeufs à la coquille vert pâle, plus gros que ceux d’une poule.
C’est d’ailleurs parce que les canes étaient de bonnes pondeuses que la race a autrefois été importée en Europe

Leurs ancêtres seraient asiatiques, issus d’Inde orientale.
C’est par l’Angleterre qu’ils ont été introduits en Europe, à la fin du 19e siècle, avant d’être importés sur le Continent.
Elégant et fin, le mâle pèse 2 kg, et la femelle 1,7 kg. 500px-Runner-ducks
Il existe de nombreuses variétés de couleurs, à l’origine des couleurs panachées: blanche, noire, chevreuil, brune, bleue, sauvage, truite, panachées fauve et blanc, jaune pois et sauvage argentés.

Ces jolis canards qui ont besoin de vivre en groupe sont rares et délicats.
Leur posture droite fragilise leur squelette, et leur caractère farouche demande un grand calme pour les élever dans l’harmonie.
Ce que l’on sait moins, c’est qu’ils sont également des alliés de choc pour les jardiniers: ce sont de redoutables chasseurs de limaces, de vers, d’insectes et d’escargots
Mais attention: si le coureur indien est craintif de nature, il a des raisons de l’être.
Comme ils ne savent pas voler, ils n’ont pas de moyen de défense.
Ils sont donc la proie de prédateurs, comme le corbeau, lorsqu’ils sont petits.
Et s’ils ont besoin d’un point d’eau pour vivre heureux, il faut savoir qu’ils sont d’autant plus fragiles que les canetons n’ont pas de plumes et risquent de se noyer car ils ne sont pas imperméables.
Dès qu’ils tombent dans une mare, ils s’imbibent d’eau et meurent.

Une situation d’autant plus triste que faire en sorte que la famille s’agrandisse est également un point délicat, chez les coureurs indiens.
Doté d’une belle énergie, le mâle, reconnaissable par le fait qu’il soit quasi muet contrairement aux femelles, et qu’il présente une bouclette de plumes au bout de la queue, a besoin de plusieurs canes pour le contenter.
Tant qu’elles sont jeunes, celles-ci ne sont pas de bonnes couveuses.
Pour une raison liée à leur mode de vie: dès que le groupe s’éloigne, elles se joignent à eux.
Il faut attendre que la cane soit plus âgée pour devenir une couveuse correcte.
La solution?

sl271212Pour pallier ce manque d’assiduité au nid, l’éleveuse que j’avais rencontrée avait trouvé la parade: elle retirait les œufs à couver, et les placait sous des poules ou sous des oies.

C’est ainsi que, lors de ma visite, des bernaches avaient vu naître leurs premiers petits coureurs indiens.
Convaincus pour les uns qu’il s’agissait de leurs rejetons et, pour les autres, que ces oies étaient leurs parents, ils s’identifiaient les uns aux autres et vivaient en parfaite harmonie…

Martine Bernier

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