La métamorphose de Pomme

Si vous faites partie de ceux qui me font l’amitié de lire Ecriplume de temps en temps, vous savez que Pomme, ma petite chienne bichon havanais 6 1/2 ans est dotée d’une personnalité très attachante, et d’une éducation tendance « jeune fille de bonne famille ».

Mais là…
Depuis que nous avons posé nos valises dans ce havre de paix et de verdure qui est désormais notre chez nous, elle s’est totalement métamorphosée.
Elle qui, en Suisse, prenait des mines dégoûtées lorsqu’elle devait sortir par temps pluvieux, hésitant à poser une patte sur le gazon de peur de se mouiller, fonce tous les matins dans la rosée quel que soit le temps, explore interminablement son univers, a tendance à faire la sourde oreille quand je l’appelle, et rentre ravie de ses périples.
Bref, mon Mogwaï est devenu un chien rustique à souhait.
Jusqu’à hier ce comportement avait plutôt tendance à m’amuser.
Oui, j’ai bien dit jusqu’à hier…

L’arrivée de mes quatre poulettes d’ornement l’a bien sûr beaucoup intéressée.
Comme je l’ai toujours fait jusqu’ici, je l’ai laissée approcher ses nouvelles co-locataires, en la maintenant sous surveillance.
Tout s’est parfaitement bien passé: aucune agressivité ni de sa part, ni de l’autre.
En quelques heures, Pomme avait déjà compris que, si j’oubliais de fermer la porte grillagée qui mène à l’enclos et au poulailler, il lui était possible de l’ouvrir par ses propres moyens.
Je n’oublie donc plus de la fermer, mais de temps en temps, je l’autorise à entrer… sachant par des spécialistes que l’odeur d’un chien dans un enclos peut décourager les renards.
Renards et fouines… ma grande crainte…
Bref, hier en fin de journée, lors de l’une des innombrables visites que je rends quotidiennement à mes poulettes d’ornement, j’ai accepté que mon Mogwaï m’accompagne.
Mais une fois dans l’enclos, rien ne s’est passé comme prévu.
Les poules ont-elles eu un mouvement de recul que Pomme a interprété comme une invitation au jeu?
Je ne sais pas…
Toujours est-il qu’elle les a poursuivies, semant un vent de panique parmi mes respectables gallinacés.
J’ai réagi au quart de seconde avec un ordre sec:
– Pomme! Non! Ici, tout de suite!
Comme elle a fait la sourde oreille, j’ai répété le même ordre, mais cette fois nettement plus fort.
Je ne me fâche jamais sur mon chien.
Elle n’a donc pas du tout l’habitude de m’entendre crier.
Je l’ai vue revenir de derrière le poulailler.
Ebouriffée, l’air très affairée et contrariée d’être dérangée dans ses occupations sportives, elle m’a regardée, une patte de devant en l’air, avec une lueur de reproche dans les yeux.
Mais, le pire, c’est que… elle avait une plume collée au coin de la moustache.
La description que j’en ai faite à mon Capitaine, plus tard, l’a fait éclater de rire.
Mais là, dans le feu de l’action… mon sang n’a fait qu’un tour.
J’ai ouvert la porte de l’enclos:
– Dehors! File! Je ne veux plus te voir! Méchante Pomme!
Je suis allée calmer et réconforter mes poules qui n’avaient heureusement subi aucun dommage.
Puis je suis ressortie de l’enclos où Pomme m’attendait piteusement.
Elle avait compris que je ne plaisantais pas.
Je lui ai dit de rentrer dans la maison, ce qu’elle a fait sans discuter.
Pendant une bonne heure, elle a cherché à m’approcher, me proposant vainement de fumer le calumet de la paix.
Ce n’est que plus tard que je l’ai accepté.
Et là, nous avons eu une longue discussion sur la confiance, le respect des autres etc, etc.
Oui, je sais, elle ne comprend rien à mes discours.
Mais elle a fait semblant d’écouter.

Ce matin, lorsque je suis allée voir les demoiselles du bout du jardin, elle m’a suivie et est restée à distance respectable de la porte.
Visiblement, elle a compris.
Pour le moment.

Martine Bernier

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