Eya et les bricolages

Mercredi matin, tôt.
Eya, 6 ans bientôt, arrive avec sa maman qui nous la confie pour la journée comme elle le fait régulièrement.
Mais elle s’est levée tôt et n’a pas encore atterri de sa nuit.
Il fait froid, humide, le jour n’est pas encore levé:t elle n’est pas de bonne humeur et le montre.
Sa maman nous quitte pour aller travailler, et je détaille à Eya le programme de la journée.
– Viens, je vais t’expliquer ce que nous allons faire.
Perchée sur le bord du fauteuil dans lequel j’ai pris place, elle m’écoute.
– Cette année, nous allons nous transformer en Mères Noël. Nous allons fabriquer des cadeaux. Mais pas des cadeaux moches que personne n’a envie de recevoir. Non. Nous allons faire des bonhommes de neige et des Pères Noël tout mignons, avec des chaussettes!
– Ouiiiiiii!!!!!!!!! J’ai déjà fait ça une fois, c’était super!!!!!
– Bon. Alors, nous allons regarder dans mes boîtes à trésors pour trouver ce qu’il nous faut. Pour cela, il faut aller dans mon atelier couture.
– Je peux y aller avec toi???

Elle sait que les enfants n’ont pas le droit de se rendre dans mon antre en mon absence, que ce soit dans le coin couture ou dans mon bureau.
Or, Eya adore fureter dans mes boîtes de coupons de tissus et autres rubans…
– Oui. Viens!

Elle tombe en arrêt devant une toute petite trousse que j’ai cousue il y a quelques jours pour y mettre du petit matériel qui traînait sur mon bureau:
– Oh, c’est trop joli! C’est toi qui l’a faite?
– Oui! C’est la première fois que je cousais une trousse…
– Elle est belle! Je peux l’avoir?
– Ben non… j’en ai besoin. Si tu veux, je t’en ferai une autre, dans le même tissu. Et quand tu seras plus grande, je mettrai une petite machine à coudre ici, en face de la mienne, et je t’apprendrai à créer toi-même tes propres objets. Tu voudras?
– Oui! Mais c’est mieux quand tu les fais pour moi…
– Tu verras que tu seras très fière d’utiliser des choses que tu auras créées.. Alors, on cherche nos fournitures?

Nous fouillons parmi mes boîtes et dans les tiroirs pour en sortir de la feutrine, des boutons, des galons colorés, des « yeux qui bougent », de la ouate, et nous redescendons au salon pour nous mettre au travail.
La petite est ravie.
C’est à elle qu’incombe la délicate mission de verser le riz dans le corps des bonshommes que je lui tends.
Et bien entendu… elle déborde.
– Zut…
– Aaah, Eya!!! Catastrophe!!! C’est quoi cette petit nana qui est aussi maladroite que moi?
Elle rit:
– C’est vrai? Je te ressemble?
– Ca, c’est sûr! J’ai fait exactement les mêmes bêtises à ton âge, et j’en fais encore aujourd’hui! Pas grave, nous sommes quand même très fréquentables. On va arranger ça.
Sérieuse comme un pape, elle m’aide à ramasser le riz, et poursuit la conversation:
– Et puis on se ressemble aussi parce qu’on aime bien rire, toutes les deux.
– C’est vrai. Et nous avons un peu le même caractère. Et c’est pour ça que, parfois, nous nous chamaillons!
Elle me jette un regard en coin et éclate de rire.
– Comme ce matin quand j’ai été casse-pied. Tu n’aimes pas ça.
– Exactement. Heureusement, ça passe vite!
– Et puis on fait plein de choses ensemble!IMG_0454

Pendant que nous parlons, j’ai terminé le premier des bonshommes de neige destinés à ses parents, son papy etc…
Elle choisit les couleurs du nez du prochain personnage, le pose sur le point de colle et se serre contre moi:

– Mamitine, c’est trop bien de venir chez toi et Papy…

Sauf que… un peu plus tard, elle adoptait une nouvelle fois une attitude qui m’a forcée à « remettre les pendules à l’heure ».
Peu après, elle vient s’asseoir près de moi:
– T’es fâchée?
– J’étais très fâchée tout à l’heure, beaucoup moins maintenant. Et toi, qu’est-ce que tu voudrais? Que l’on s’entende toujours aussi bien, ou que je n’aie plus envie de te voir parce que tu es parfois trop insupportable?
– Que l’on s’entende toujours aussi bien…
– Tu sais ce que tu as à faire, pour ça?
– Oui. Arrêter mes bêtises.
– Ca se discute. Une bêtise, cela ne me met pas très en colère. C’est quelque chose que tu n’as pas fait exprès de faire. Donc, c’est différent.
– Toi, ce que tu n’aimes pas, c’est quand je fais des choses méchantes. Il faut que j’arrête mes conn****….
– Tes quoi?!
– Oui, enfin tu sais. Mais parfois je ne peux pas faire autrement: j’ai trop envie d’être méchante.
– Donc, tu sais quand tu te comportes mal?
– Ben oui, quand même! Je ne suis pas bête!

 

Martine Bernier

par

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