Quatre poules dans le vent

Alors que la Suisse connaît des conditions météo compliquées, du moins sur le Valais, la Franche-Comté bénéficie d’une accalmie à quelques jours de l’ouverture officielle de l’hiver.
Le froid de ces dernières semaines s’est transformé en températures douces allant jusqu’à 6°, la neige a fondu… seul le ciel reste très menaçant, nous offrant en alternance de grandes averses et des pauses sans soleil.

Plutôt contentes d’avoir moins froid, mes quatre poules, allergiques à l’humidité, ont cependant décidé depuis quelques jours qu’elles ne franchiraient plus la porte de leur poulailler.

Elles profitent de leur intérieur douillet, accueillent chacune de mes visites avec enthousiasme, mangent comme quatre (ce qui est assez logique…), mais ne daignent plus mettre une patte dehors.

Lundi, alors que le vent soufflait méchamment, Kaki, ma petite exploratrice en chef, a risqué un coup d’oeil à l’extérieur alors que je leur apportais des friandises maison.
Trois secondes plus tard, je la voyais revenir en caquetant, la plume de travers et l’air pressé.
Elle m’a regardée d’un air furieux, comme si j’étais responsable de la situation et du désordre de sa coiffure, puis a réintégré son cocon de foin d’un air décidé.
Toujours pas question de réinvestir l’enclos…
A ce rythme, l’hiver va leur sembler long…
Je me demande si je ne vais pas leur faire écouter du Mozart ou du Vivaldi pour égayer un peu leur quotidien…
En fin de journée, alors que la lumière avait déjà déserté les lieux, je suis allée fermer le poulailler.
Comme d’habitude, j’ai allumé pour vérifier qu’aucune de mes protégées ne manquait et que tout le monde allait bien.
Elles dormaient, serrées les unes contre les autres, au deuxième étage de leur maisonnette.

Vous allez me trouver bizarre, mais les voir si confiantes m’a attendrie.
Je les ai caressées, les unes après les autres, leur ai souhaité bonne nuit et suis partie retrouver ma tendre Pomme et notre Chachat invité, qui prend toujours mon clavier pour une zone piétonne.

Mardi matin.
Le jour ne se décide pas à se lever, mais je vais rouvrir la porte du poulailler… où ces demoiselles sont toujours couchées toutes les quatre à l’étage supérieur.
Elles se laissent caresser, piaillent doucement… pendant que je découvre à l’étage du dessous les vestiges d’une nuit agitée.
Elles ont trouvé un morceau de Sopalin que j’utilise pour nettoyer les litières, et l’ont transformé en bouillie.
– Et bien les filles… vous ne vous êtes pas ennuyées, cette nuit!  Bon, Kaki, je te préviens: il y a encore un peu de vent. Donc ne rouspète pas quand tu reviendras de ta balade, je n’y suis pour rien.

En lançant ce petit cri de trompette qui n’appartient qu’à elle, Kaki a sauté sur le sol, fait trois pas à l’extérieur et est revenue visiter la mangeoire que j’avais remplie entretemps.

Une heure plus tard, je retourne les voir.
Cette fois, surprise… elles sont toutes au fond du jardin et arrivent ventres à terre dès qu’elles m’aperçoivent.
Je leur distribue des graines à même le sol, exercice qui a le don de les mettre en joie, et j’assiste à un moment de pure euphorie.
Interlude entre deux périodes de pluie et de neige: c’est la fête avant l’heure!

Martine Bernier

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