Les goûts et les couleurs de Pomme et des poules

Mardi matin.
Comme chaque jour, Pomme attend avec impatience que je m’engage dans l’escalier pour ouvrir les stores et les volets du rez-de-chaussée et… la porte du jardin donnant sur son royaume.
Ce jardin qui semble la passionner autant que moi vu le temps qu’elle y passe ou qu’elle passe à l’observer depuis mon bureau… pourtant ouvert.
Lorsque je me dirige vers l’enclos des poules en vérifiant chaque rosier en passant, elle ne me suit pas.
Les poules ne présentent aucun intérêt pour elle, elle préfère les surveiller de loin et m’accueillir lorsque je les quitte.
Je l’ai déjà expliqué: le rituel matinal reste toujours le même.
En entrant dans l’enclos, je m’annonce par un « C’est moi! Je suis là… » puis j’ouvre la porte du poulailler où je suis accueillie par le traditionnel tintamarre contenant les revendications de chacune.
Sur le perchoir, Kaki tend son cou vers moi et ne se tait que lorsque je l’ai caressée, Plume attend sa papouille plus calmement, Praline me recherche et me tolère tout en restant très méfiante et Chine… continue à ne pas vouloir bouger de son couvoir.
Elle roucoule avec ce chant si particulier des poules couveuses, se laisse caresser, mais ne bouge pas d’un iota.
Comme chaque matin, j’ouvre les tiroirs en plastique contenant les différentes graines que je leur offre et je choisis le menu du jour.
Je connais leurs préférences mais ce jour-là, je veux essayer de les cantonner au  blé.
D’habitude, dès que je sors avec mon pot rempli de graines, elles volent et me suivent avec empressement.
Là… rien.
Juste un concert de jérémiades.
Je retourne dans le poulailler où elles attendent clairement que je les dépose moi-même par terre.
Je m’exécute donc et les pose une à une sur le sol, y compris Chine qui mange (un peu), part au galop se dérouiller les pattes en parcourant deux fois la longueur de l’enclos  au pas de course avant de regagner ses pénates.
Si je pensais être tranquille, je me suis trompée…
Il n’a pas fallu deux minutes pour que je sois rattrapée par un nouveau concert de trompettes indignées.
Et je sais pourquoi…
Depuis cet hiver où je leur ai donné quelques graines destinées aux oiseaux pour voir leur réaction, mes poules ont développé un amour immodéré pour cet aliment qui ne leur est pourtant pas destiné.
Je m’arrange donc toujours pour leur en donner un peu.
Or, ce matin-là, je ne l’ai pas fait.
Elles ne m’ont pas lâchée tant que je n’ai pas cédé.
J’ai fini par ajouter quelques graines  sur lesquelles elles se sont précipitées, mettant un terme à leurs revendications.
Si, au cours de l’une de mes visites de la journée, je leur apporte des pâtes cuites  ou du pain mixé avec du raisin, le tout posé dans « leur » assiette, je sais qu’elles m’accueilleront avec des cris de joie dès qu’elles reconnaîtront l’assiette en question.
Elles savent très  bien que ce récipient contient toujours des aliments dont elles raffolent et m’en remercie à leur façon.

Après un bon quart d’heure, je quitte l’enclos, et je retrouve Pomme qui vient à ma rencontre en remuant la queue.
La journée peut commencer….
Sauf que…
Durant toute la période du petit-déjeuner, j’ai eu l’impression que Pomme me boudait.
Impression confirmée lorsque, de retour dans mon bureau, elle s’est installée dans son panier en me tournant le dos.
Perplexe, j’en étais à me dire qu’elle adoptait les mêmes comportements que mes poules lorsque j’ai compris.
J’avais oublié de lui donner la récompense du matin, une friandise pour chien qu’elle reçoit d’habitude lorsque nous rentrons de notre première sortie.
– Oh! J’ai oublié le nonosse! Pauvre Popomme! Viens…

Nous retournons à la cuisine où je répare mon erreur en offrant à mon Mogwaï sa friandise préférée pour me faire pardonner.
Puis retour dans mon bureau où Pomme se réinstalle dans son panier… face à moi.
Cette fois, la journée peut vraiment commencer…

Martine Bernier

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