La première nuit

Comme je l’ai expliqué hier, l’arrivée de mes trois nouvelles poulettes n’a pas été de tout repos.
Mes Quatre Grâces ne sont pas ravies de devoir cohabiter avec d’autres habitantes, et je les comprends.
Ce qui m’a le plus surpris est sans doute la découverte de la personnalité de Neige, la plus petite de mes poules hollandaises.
Agressée par Chine, la cheffe du Clan des Pékin, elle n’a pas adopté une position de soumission, au contraire.
Elle s’est défendue bec et ongles, allant jusqu’à chasser Chine  en lui rendant coup pour coup.
C’est ce qui s’appelle avoir du caractère…
Un peu plus tard, cette petite poule blanche à pompon qui a pour particularité d’être très concentrée sur chacune de ses tâches, a attiré l’attention de Pomme et la mienne.
Tout autour de l’enclos, le bas du grillage est consolidé par une plaque d’une dizaine de centimètres de hauteur.
La chose semble avoir intrigué Neige qui a entrepris de la piquer du bec comme le ferait un pivert.
Intéressée par son manège, Pomme s’est placée de l’autre côté du grillage, reniflant ce drôle d’oiseau affairé.
Ce qui lui a valu un regard distrait de l’animal en question et un léger petit coup de bec sur sa truffe au passage qui ne l’a même pas fait sursauter.
Puis la demoiselle a continué ses travaux, toujours étudiée par mon Mogwaï captivé.

Est ensuite venue l’heure du coucher royal…
Mes Boulettes ont commencé à se rapprocher du poulailler tandis que je leur dégageais le chemin pour qu’elles ne trouvent pas d’intruses sur leur passage.
En leur désignant du doigt l’étage le plus haut du poulailler et en les encourageant de la voix, j’ai pu les inciter à se percher toutes les quatre là où je voulais qu’elles soient, les félicitant à grands renforts de caresses.
Alors qu’elles venaient de rentrer, je suis retournée sur mes pas pour que les trois nouvelles venues fassent comme elles.
Seulement voilà… Neige n’avait pas prévu d’obéir.
Et de mon côté, je n’avais pas imaginé qu’elle volait aussi bien!
En deux bonds et deux coups d’ailes, elle avait réussi à sortir de l’enclos pour partir se balader dans le jardin.
Oups.
Pomme, toujours fascinée, n’a pas laissé passer l’aubaine de pouvoir examiner son oiseau de plus près…
Il m’a fallu quelques minutes pour convaincre mon bichon de me laisser intervenir seule, et pour inciter la belle Neige à rentrer.
Mon Capitaine est ensuite venu à la rescousse pour m’aider à mettre les trois poulettes dans le poulailler où les autres attendaient avec une certaine fébrilité.
Je me suis ensuite enfermée avec elles (merci à celui qui a eu la bonne idée d’installer la lumière dans la pièce!!) et j’ai entrepris de leur parler tout en les enduisant toutes de terre de Diatomée.
Le même régime pour tout le monde!
Les trois petites poules ont été placée au premier étage de la pièce, sur du foin, tandis que les aînées trônaient en haut.
Quand tout le monde a été prêt, je suis sortie et j’ai plongé le poulailler dans le noir.
J’ai entendu des plaintes pendant encore quelques instants, avant que nos locataires ne s’endorment, peut-être bercées par ma voix…

Le lendemain matin, personne n’avait bougé.
Je n’ai pas occulté le traditionnel petit moment de tendresse du matin, avec caresses et causette obligatoires, et j’ai sorti mes poules une à une en les portant pour éviter les confrontations.

Les plus âgées d’abord, les autres ensuite.
La nourriture a été déposée dans deux endroits distincts pour éviter les heurts, ce qui n’a pas empêché Bulle d’essayer de se rendre vers ses cousines Pékin, mal reçue par Plume…
Et la journée a commencé, en douceur.
Les deux Clans se jaugent… et je fais des rondes régulières.
Tout pour éviter une Guerre des Boutons!

Martine Bernier

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