Les livres…

12 % des jeunes Français sont illettrés. Et 20 % de plus arrivent à peine à lire, mais si difficilement qu’ils ont beaucoup de difficultés à comprendre le texte qu’ils ont sous les yeux.

C’est affolant.

Un nombre impressionnant de personnes n’ont jamais lu un livre de leur vie, alors qu’elles maîtrisent parfaitement la lecture.

Quand on passe le plus clair de son temps à écrire, ce genre de nouvelles est déprimant.

Depuis que je suis haute comme trois pommes, je lis. J’ai commencé bien avant d’aller à l’école. L’univers des mots me fascinait tellement que je voulais y entrer, par n’importe quel moyen. Comme si je découvrais un langage codé. Je me souviens encore avec précision que j’ai concentré tous mes efforts pour les identifier. Je regardais des images, demandait à mon père de me dire ce qui était marqué dessous. Puis j’identifiais les mots, les lettres et je les recherchais ailleurs, les retrouvais…

J’avais quatre ans, et, lorsque je suis remontée un matin dans la cuisine en lisant le journal à haute voix, mon père a été si stupéfait et si heureux que j’ai eu l’impression d’avoir réalisé un exploit. Alors que je m’étais simplement fait plaisir.

Après ce jour, la situation a pris une ampleur assez ahurissante. Je lisais tout, absolument tout ce qui me tombait sous la main.  Tout le temps. En désespoir de cause, fatigué d’écouter à longueur de journée le contenu des étiquettes des bouteilles de lait ou la posologie des boîtes de médicaments, mon père a commencé à m’offrir des livres.  Beaucoup de livres. Mais il fallait suivre mon rythme. Je ne lisais pas: je dévorais! Toute la collection rose, la collection verte, les BD…  La nuit, sous mes couvertures, à la lueur d’une lampe torche. Mon père me disait que je m’abîmais les yeux, que j’en souffrirais une fois adulte. Il avait raison.

Après sa mort, plus de livres. J’ai donc été puiser en cachette dans sa bibliothèque. Ce qui m’a valu de lire Stendhal, Flaubert, Zola, Balzac et tant d’autres entre 9 et 11 ans.  Mais aussi Simenon, Cronin, Pierre Loti. Tous ces auteurs qu’il aimait. J’apprenais à découvrir les goûts de mon père à travers ses lectures.

Le cadeau le plus merveilleux que j’ai reçu à cette période a été un énorme carton rempli de « Marabout Junior » apporté par ma grand-mère paternelle. Sa voisine souhaitait s’en débarrasser. Des biographies, des livres d’aventures…. j’ai lu, lu… j’ai passé des jours et des nuits à lire…

Avec le temps, cela ne s’est pas arrangé. A tel point qu’aujourd’hui, j’ai eu beau trier, donner à tour de bras, je me retrouve toujours avec 4 à 5000 livres. Ils prennent de la place, sont affreusement lourds, mais je les aime.

J’ai un mal fou à résister lorsque je passe devant une librairie. Cet été, Fred et Béa m’ont fait une surprise épatante. Ils m’ont emmenée dans une brocante de livres… Je déménageais, je ne voulais pas en racheter après avoir passé des jours et des jours à les mettre en carton. Sans l’aide d’Alain, bien sûr, remarquable d’indifférence et de cruauté, à son habitude depuis la mi-mai. Je n’ai donc pas adopté de nouveaux protégés. Mais quel bonheur de traîner parmi ces caisses de livres…

Quand je pense que tant de gens ne lisent pas, ne connaissent pas le bonheur de se balader parmi les pages, cela me stupéfie, me désole.

Martine Bernier

Source: les chiffres avancés sont sont ceux cités par Luc Ferry, ancien ministre de l’éducation, dans une émission traitant de l’illettrisme le 27 octobre 2009.

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