La nuit en montagne

La nuit tombe très tôt, en hiver, dans les pays de montagnes.
La Suisse ne fait pas exception: tous les soirs, entre 17h et 17h15, l’obscurité étend ses ailes.
Mais, depuis deux ou trois jours, juste avant, il y a une lumière exceptionnelle sur les sommets qui surplombent le lac,  que je vois depuis mon bureau.
Je préférerais voir l’océan au lieu du lac… mais cette lumière vaut le détour.
Le ciel est un fouillis de nuages noirs, menaçants, lourds de neige et de pluie.
Et malgré tout, le soleil perce.
Je n’aime pas les grands ciels bleus bien purs.
J’ai toujours trouvé plus belles les formes des nuages, surtout lorsqu’ils sont sombres.
Depuis quelques jours, je regarde le ciel en regrettant vraiment de ne pas être douée pour la peinture.
C’est le genre de chose que j’adorerais peindre… le ciel..
Ce ciel-là, qui ressemble à ce que j’ai en moi.
Des nuages noirs, blancs, gris, des formes mystérieuses qui roulent et s’entrelacent, et une lumière jaune, furtive…
Et puis le noir, pesant, lourd, parfois rassurant, souvent angoissant.

Je m’habille presque toujours en noir.
Mes chiens sont noirs, et plusieurs objets usuels de la vie courante le sont aussi.
J’aime cette couleur. Je l’ai aimée bien avant la mode des gothiques.
Et pourtant, j’ai toujours eu peur de la nuit.
Sans rien dire.
Personne ne le sait sauf ceux qui ont partagé ma vie intimement.
La nuit est un théâtre qui me fascine et me tord le coeur.
Je l’affronte, mais c’est ainsi.
Oui, j’en ai toujours eu peur.

Sauf pendant trois mois.

Aujourd’hui, la peur est revenue.

Martine Bernier

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