Mon chien, ce petit Mogwaï….

Vous souvenez-vous des Gremlins?
Avant de devenir ces êtres démoniaques, les Gremlins sont des Mogwaïs, adorables créatures…

Pomme, ma chienne, est un Mogwaï.
Personne, je dis bien absolument personne, n’a jusqu’ici pu résister à ce petit personnage qui, à 9 semaines, pose déjà dès qu’elle voit un objectif braqué sur elle.
Attention, ne vous y trompez pas.
Lorsque je lui présente quelqu’un, elle ne se prostitue pas en le couvrant d’hommages canins.
Non.
Très digne, plutôt sur la réserve, c’est elle qui accepte les éloges et les caresses.
Mais il lui suffit de battre des cils et de laisser passer un petit bout de langue rose entre ses dents pour que les plus grands gaillards de la contrée prennent des voix d’oiseaux pour lui murmurer des mots tendres.

Trois jours de vie commune m’ont permis de mieux cerner la personnalité de mon Mogwaï de poche.
Au bout d’une heure chez moi, elle se trouvait comme un poisson dans l’eau dans ses nouveaux quartiers.
Il faut avouer qu’elle a un environnement de pacha…
Depuis son arrivée, je slalome entre les jouets qu’elle adore éparpiller un peu partout.
Mon Mogwaï a une vocation de déménageur.
Comme elle est toujours sur mes pas, je vis dans la crainte de lui faire du mal dans un moment d’inattention.
Lorsque je me pose à mon clavier pour travailler, elle part dans des courses folles à travers la maison, ponctuées de petits jappements énergiques.
Et comme ses freinages ne sont pas encore très contrôlés, elle s’écrase contre les murs avant de revenir auprès de moi, mi-penaude, mi-ko.

Pomme a très peu d’appétit, contrairement à Scotty.
Manger est pour elle un moment amusant, où elle me regarde l’encourager sans comprendre ce que je lui demande.
Quand je tapote du bout du doigt le fond de son écuelle pour l’inciter à y manger les croquettes légèrement mouillées que j’y ai déposées, elle s’assied pour mieux m’observer, avec une attention soutenue.
Une fois que j’ai retiré ma main, elle se lève, s’avance et pose avec précaution sa patte dans l’écuelle.
Mimétisme, quand tu nous tiens…
Je me prends à retrouver mes gestes d’antan pour lui faire avaler sa pâtée que j’agrémente de petits morceaux de poulet.
Et à la regarder avec inquiétude lorsqu’elle passe une journée de plus sans avoir ingurgité les quantités prescrites…

La passion de mon mini Mogwaï pour les fils électriques se confirme au fil du temps.
Je dois être extrêmement attentive: dès que j’ai le dos tourné, elle en profite pour mordiller ces longs serpents gainés qui la tentent tellement.
Lorsque je l’arrête d’un « non » sans discussion, elle s’assied, me regarde en penchant la tête à gauche, puis à droite, se demandant visiblement si « non » est son nom.

L’apprentissage de la propreté est une étape délicate dans la vie d’un chiot.
D’un Mogwaï aussi.
Je la sors presque toutes les heures, sur le chemin qui longe la rivière.
Mais il a tellement neigé au cours de ces dernières semaines, qu’il n’y a pas moyen de trouver un coin d’herbe pour qu’elle puisse faire ses premières armes.
Elle s’enfonce donc jusqu’aux oreilles dans la neige glacée, et est ravie, lorsque, après avoir rempli la mission que je lui confie, elle me voit la féliciter à grands renforts de câlins.
Elle ne comprends sans doute rien à ce que je lui raconte, mais semble comblée de me voir de bonne humeur.
Dès qu’elle en a assez de sautiller dans la neige, elle s’assied sur le sol et se met à trembler.
C’est pour moi le signal du départ. Je la prends contre moi, elle se blottit à l’intérieur de ma veste, me donne un coup de langue vigoureux sur le visage… et nous rentrons.
Comme elle s’oublie régulièrement sur la moquette, j’ai posé un journal dans mon bureau en lui expliquant stupidement qu’il serait bienvenu qu’elle l’utilise en cas d’urgence.
Elle m’a jeté un regard que j’ai traduit par « Ta déco laisse franchement à désirer… » avant d’attraper le journal et de le traîner à travers l’appartement.
J’en ai conclu que ce n’était pas une bonne idée.

Lorsque la nuit tombe, mon Mogwaï se transforme en Gremlins.
Pour que ses petits cris ne dérangent pas mes voisins, j’installe son panier dans ma chambre.
En bon Gremlins, elle ne ne veut pas dormir, geint, court partout, aboie (enfin, quand je dis aboie…) si je lui donne l’impression d’être indifférente, attrape ma main si je la laisse à sa portée, et tire jusqu’à ce que je me décide à lui accorder de l’attention.
La nuit dernière, elle a réalisé qu’il devait être beaucoup plus confortable de dormir dans MON lit plutôt que dans SON panier.
Je lui ai expliqué que c’était hors de question.
Mais mon Gremlins est têtu. Très têtu.
Elle a passé un temps fou à sauter dans l’espoir que je me rende à ses arguments.
Peine perdue, elle a beau être montée sur ressorts, je suis plus têtue qu’elle.
La confrontation a duré des heures. Elle sautait, j’essayais de la calmer en lui opposant un calme olympien.
Enfin faussement olympien.
En représailles, à 1h du matin, je l’ai emmenée dans la cuisine avec son panier… pour aller la récupérer cinq minutes plus tard en entendant ses appels et en réalisant qu’elle passait ses nerfs sur la porte.
Je l’ai ramenée dignement dans ma chambre.
Elle a tiré à elle un coin du couvre-lit et y a passé ce qui restait de la nuit, ne me réveillant que trois fois pour vérifier que j’étais toujours bien là.

Match nul.

Au petit matin, j’ai retrouvé mon Mogwaï, câlin, farceur et tendre.
Elle s’est emparée d’un linge fraîchement lavé, trouvé dans la corbeille, et a transformé l’appartement en circuit d’Indianapolis.

Tout à l’heure, en sortant pour l’une de ses promenades, nous avons rencontré le facteur auquel j’ai présenté le fauve qui allait désormais l’accueillir.
J’ai toujours eu de charmants facteurs.
Celui-ci ne fait pas exception.
Inutile de préciser qu’il a complètement craqué.
Il m’a dit: « Oh, elle est… elle est… »
Je confirme.
Elle est.

Martine Bernier

 

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