Cinq-Mars et son royal penchant

Il est dans l’Histoire des personnages qui m’intriguent.
Le jeune marquis Cinq-Mars (1620-1642)en fait partie, lui au sujet duquel ont été écrites tellement de choses erronées.
Fils du maréchal d’Effiat, Henri Coiffier de Ruzé d’Effiat, marquis de Cinq-Mars, était beau, dit-on.
Page, puis cadet de la garde de Richelieu, il avait le profil idéal, selon le cardinal, pour devenir l’ami de coeur du roi Louis XIII.
L’influence des favorites comme Marie de Hautefort et Louise Angèle de la Fayette, un peu trop proche du parti espagnol à son goût, inquiète alors le cardinal qui préférerait voir l’un de ses fidèles servir de confident au Roi.

Des affinités, il n’en existe pas, au départ, entre le roi et le cadet.
Le monarque ne le remarque même pas lorsqu’il intègre sa compagnie de gardes.
Quant à Cinq-Mars, malgré l’insistance de ses parents, il commence pas refuser de faire partie de cette garde royale qui ne l’attire pas.
Il n’était pas amoureux fou du roi, contrairement à ce qui a été écrit.
Libertin, aimant le luxe et l’indépendance, il n’a pas envie d’accepter la charge de grand maître de la garde-robe du Roy que lui propose Richelieu en 1637.
Il a du caractère: être contraint de se retrouver constamment en présence d’un souverain connu pour être taiseux et maussade, jaloux et nettement plus âgé que lui ne l’enchante pas.
Mais Louis XIII, de son côté, ne cesse d’entendre des compliments sur le jeune homme, serinés par des courtisans eux-mêmes télécommandés par Richelieu.
Il commence donc à se pencher sur son cas.
Personne ne sait si le roi avait des tendances homosexuelles, d’autant qu’il était toujours éperdument amoureux de Marie de Hautefort.
Mais son intérêt pour le petit marquis finit par convaincre celui-ci: il accepte la charge de grand maître en 1638.
Contrairement à ce qui a été souvent écrit, leur relation ne fut pas idyllique.
La nuit, Cinq-Mars se réfugiait auprès de sa maîtresse, la courtisane Marion de Lorme.
Vers midi, fatigué, il prenait son service auprès du roi qui ne supportait pas sa somnolence, sa frivolité, son insolence, ses goûts pour le luxe et son mépris de la religion.
Fatigué par cette double-vie, le jeune marquis demande à être relevé de ses fonctions, contre l’avis de Richelieu qui l’encourage à tenir bon et à torpiller l’influence de Marie.
Cinq-Mars réalise alors quel pouvoir il a sur le monarque.
L’avenir lui donne raison, dans un premier temps.
Marie est exilée en novembre 1638 et le joli marquis devient Grand Ecuyer du roi.
Cela signera le commencement de sa fin.
Sûr de lui, se sentant délié de ses obligations envers Richelieu, il exige de le remplacer.
Le roi, dit-on hésite un instant à l’idée de troquer son ministre un peu trop dirigiste contre son protégé.
Mais Cinq-Mars complote avec les Espagnols, ce que découvre le cardinal et Louis.

Aujourd’hui, nous regardons le marquis figé dans le passé comme étant un « ancien ».
En fait, Cinq-Mars n’a jamais eu le temps d’être vieux.
Le 12 septembre 1642, il fut mené à l’échafaud pour y être décapité à l’âge de 22 ans.
22 ans…
Il n’a pas dû vraiment comprendre ce qui lui arrivait.
Un gamin sans doute arrogant, véritable gravure de mode, dit-on, qui en voulait trop, trop vite, sans rien respecter…. et sans réaliser qu’agir ainsi le mettrait en danger.

Martine Bernier

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