Les dessous de la Tour Eiffel

Ah, cette Tour…
Avez-vous remarqué que lorsque vous parlez de Paris, automatiquement, quelqu’un cite la Tour Eiffel?
Tout le monde la connaît.
On connaît un peu moins ses dessous, ses petites histoires…
Ainsi, par exemple, nous l’avons échappé belle: elle a failli s’appeler, à quelques années près, la Tour Boenickhausen.
Ce qui aurait manqué de chic parisien…

En 1710, un tapissier allemand, Jean-René Boenickhausen, est venu s’installer à Paris, dans le Marais.
Ses clients avaient tellement de mal à retenir son nom qu’il y a ajouté celui d’Eiffel, en souvenir de sa province natale et du plateau de l’Eiffel, près de Cologne.
Ce nom sera porté par ses descendants et est devenu le seul patronyme familiale en 1879.
Soit dix ans avant l’inauguration de la Tour…

Lorsque Gustave Eiffel, descendant de Jean-René, proposa le dessin de la Tour pour l’Exposition commémorant le centenaire de la Révolution française, le plan déclencha un tollé gigantesque qui prit, au fil des mois, des proportions insoupçonnables.
Une pétition, signée par 300 personnalités de l’époque, fut adressée au ministre et publiée dans la presse.
Elle disait ceci:

« Nous venons, écrivains, peintres, sculpteurs, amateurs passionnés de la beauté jusqu’ici intacte de Paris, protester de toutes nos forces, de toute notre indignation, au nom du goût français méconnu, au nom de l’art et de l’histoire française menacés, contre l’érection en plein centre de notre capital de cette inutile et monstrueuse Tour Eiffel.
La ville de Paris va-t-elle s’associer plus longtemps aux baroques, aux mercantiles imaginations d’un constructeur de machines pour s’enlaidir irréparablement et se déshonorer? »

Chacun y allait de sa tirade pour fustiger la Tour.
J.K. Huysmans l’a qualifiée de « suppositoire solitaire, de hideux pylône à grilles, de volière horrible, de chandelier creux. »
Verlaine a dit d’elle qu’elle était un « squelette de beffroi »

Ce qui n’a pas empêché la Tour de s’élever stoïquement.
Elle a coûté 7 799 401 francs de l’époque.
Pendant les six mois de l’Exposition, elle a reçu la visite de plus de 3,5 millions de passants, qui rapportèrent pratiquement de quoi couvrir le prix de revient.
La Tour a toujours été une affaire rentable…

En 1914, elle a été mobilisée pour être utilisée dans les transmissions.
Elle n’a pas que des qualités, notez.
On s’y suicide beaucoup en se jetant dans la vide, même si le premier décès volontaire qu’elle a connu a eu lieu… par pendaidon.
En 1964, une inconnue baptisée Christiane enjamba la rambarde… et atterrit sur le toit d’une Dauphine qui amortit le choc et lui sauva la vie.

Depuis sa naissance, la Tour a grandi, a maigri, fait sa toilette tous les sept ans.

Tout le monde ou presque l’aime, a oublié l’indignation qu’a suscité sa construction.
Notez que depuis… Paris a accueilli Beaubourg.

Martine Bernier

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