Le test de l'honnêteté

L’un des traits de caractère qui m’amuse le plus chez Celui-qui-m’accompagne est cette fantaisie dont il saupoudre le quotidien.
Ce samedi, alors que nous nous étions rendus dans une zone commerciale, côté français, j’en avais profité pour remplacer mon sac.
Ces malheureux sacs ont avec moi un destin qui tient plus de celui de l’assistant d’Indiana Jones que du quotidien délicat d’un sac de femme.
Comme d’habitude, celui-ci n’avait pas résisté.
Dans la voiture, avant de pénétrer dans le magasin suivant, je terminais de transvaser mes « indispensables » dans ma nouvelle besace.
Celui-qui-m’accompagne a pris l’ancien sac avec, dans les yeux, une lueur de malice que je connais bien: il avait clairement une idée derrière la tête.
Mon intention était de jeter le sac en question dans une poubelle.
Ce n’était pas la sienne.
Il l’a pris, l’a rempli de choses dont il voulait se débarrasser.
Il avait décidé de tenter une expérience…

Pour mieux la comprendre, il faut savoir que, lors de son installation en Suisse, mon Capitaine s’était fait voler tous ses papiers, ce qui m’avait laissée mortifiée, et lui plutôt furieux.
Ce samedi, il avait donc décidé de tester l’honnêteté des gens.
J’ai eu beau essayer de le dissuader, rien n’y a fait: avant de pénétrer dans le magasin, il a posé le sac sur le toit de la voiture et l’a « oublié » et me disant: « tu vas voir: à notre retour, il n’y sera plus… »

Pour moi, il y  avait deux solutions: soit le sac disparaissait et cela confortait son opinion, soit nous le retrouvions à la sortie et nous le reprenions.
Dans les deux cas, ce n’était finalement pas si dérangeant.
Je n’avais pas prévu qu’il existait une troisième possibilité…

Nous n’étions pas entrés depuis plus de trois minutes dans le magasin qu’une voix s’est élevée, parlant dans un micro:

« Nous signalons au propriétaire de la voiture XXX immatriculée XXX (suivaient la marque et le numéro de la plaque d’immatriculation) qu’il a oublié un sac sur le toit de sa voiture. Nous gardons le sac à l’accueil à sa disposition. »
Si mon Capitaine était plutôt hilare, j’étais, pour ma part, horriblement gênée. 
Bien qu’il ne voulait pas que j’aille récupérer l’objet du délit, je l’ai fait quand même pendant qu’il essayait un jean.

De retour à la voiture, alors que le sac réintégrait ses quartier, j’ai glissé: « Tu vois,  il reste des gens honnêtes! »

Goguenard, il m’a adressé un regard amusé et a enchaîné:

– Oui… surtout des Français!

Martine Bernier
 

 

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5 réflexions sur “Le test de l'honnêteté”

  1. Ben ouais, y a pas que des voleurs sur terre… ;o) ! Mais ce qui me fait rigoler, c’est que j’aurais voulu être là pour voir ta tête Martine !!

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