Les yeux de Monet…

Une partie des Grandes Décorations des Nymphéas », à l’Orangerie (Paris)

Claude Monet avait 72 ans lorsque, en 1912, les médecins lui diagnostiquèrent une cataracte bilatérale.
Depuis quelque temps déjà, elle affectait gravement sa vue.
Lui qui  était capable de découper une image en toutes ses composantes physiques et d’en extraire chaque couleur, chaque contraste et chaque mouvement, vivait un drame: il perdait ses couleurs…
Un voile jaune s’était posé sur son regard, brouillant toutes les teintes.
L’étang des nymphéas qu’il aimait tellement peindre, il ne le voyait plus que comme une tache brunâtre, floue.
Sur ses toiles, il continue à décliner des dégradés de bleus et de verts, mais il ne voit que des couleurs verdâtres, peu lumineuses.
Même les rouges lui apparaissent boueux, avoue-t-il en 1915.
Comme tous les peintres touchés par cette calamité, il range ses tubes de peinture toujours au même endroit, les étiquette pour ne pas mélanger les couleurs et travaille à l’aveugle.
Mais la maladie s’aggrave: il ne distingue plus les jaunes des bleus, ne peint plus qu’à l’heure où le soleil est au zénith.
En 1922, son oeil droit ne voit plus ni la lumière ni le mouvement et le gauche n’a plus qu’un dixième de vision. 
On imagine sans peine la tragédie que cela a dû être pour lui…
Mais aborder l’opération qui lui était proposée était difficile et angoissant pour le Maître.
Ce n’est qu’un an plus tard, en 1923, qu’il accepte de passer entre les mains des chirurgiens.
L’intervention est un succès…
Monet reprend ses pinceaux, retrouve sa palette, et achève sa dernière série, « Grandes Décorations des Nymphéas ».
Alors que beaucoup le croyaient fini, il venait de réaliser son chef-d’oeuvre…
 
Martine Bernier 

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