Comme beaucoup de chiens de petites races, mon Mogwaï a tendance à avoir l’appétit capricieux.
Pour la nourrir, je varie les aliments, sachant qu’en général, la nouveauté lui plaît pendant quelques jours.
Sa préférence va à une croquette particulière dont elle raffole… à condition de ne pas en manger tous les jours.
La lassitude prend alors le dessus et elle déserte son assiette.
Lorsqu’un aliment lui plaît, son manège est toujours le même: elle prend une croquette et disparaît la déguster loin des regards.
Ce matin, assise en Bouddha au milieu de la cuisine, elle me regardait laver sa gamelle et la remplir d’une nourriture appétissante.
J’ai déposé fièrement le tout devant elle et je l’ai encouragée.
– Tu m’en diras des nouvelles!!!
Elle s’est approchée poliment, a reniflé l’assiette et a fait mine de quitter la pièce.
– Ah non, alors!
Etonnée, elle s’est retournée pour me regarder.
– C’est de la nourriture pour « appétits difficiles » que tu as là! Tu as lu l’étiquette? Poulet, haricot, carotte, pomme et grenade! Franchement!!! Tu ne vas pas encore me faire un caprice!
Elle me regardait en remuant la queue, visiblement satisfaite que je lui fasse la conversation.
Lorsque mon Capitaine et moi sommes passés à table pour prendre notre petit-déjeuner, elle a emporté les deux croquettes magiques que je lui avais posé sur le sommet de la gamelle pour lui donner envie de manger.
Puis elle est revenue, a reniflé le reste et m’a regardé d’un air déçu.
– Pomme, enfin.. Tu as pensé à tous ces pauvres chiens qui n’ont rien à manger? Et à tous les chiens chinois qui meurent de faim? Et toi, ingrate, qui fait la fine bouche! Chien de luxe, va!
Oui, je sais, c’est idiot, mais la voir remuer la queue en me regardant joyeusement tandis que je lui tiens des discours absurdes me fait rire.
Martine Bernier
Combien de fois, en regardant les catastrophes qui touchent différentes régions du monde, ne nous sommes-nous pas dit: « Heureusement, ici, nous sommes à l’abri… »?
C’est parfois oublier que, par le passé, des séismes ont pu secouer la région qui nous parait si tranquille…
Comme ça a été le cas en Suisse, dans la région du Chablais vaudois, au 16e siècle.
Les ville et villages d’Aigle, Corbeyrier et Yvorne s’en souviennent encore…
C’était en mars 1584, la région d’Aigle et d’Yvorne (Vaud).
Un violent séisme ébranle la terre, déclenchant un gigantesque éboulement.
Celui-ci est précédé par quelques secousses peu perceptibles.
Le 1er mars à 11h30, pendant dix à douze minutes, la terre tremble longuement.
Le lendemain, lundi 2 mars, une nouvelle secousse se produit.
Le mardi, un grand vent et de la neige sévit sur tout le pays, toujours accompagnés, dans la région, de plusieurs secousses.
Et c’est le mercredi 3 mars entre dix et onze heures que se produit l’irréparable.
Les anciens villages de Corbeyrier et d’Yvorne sont ensevelis sous trois mètres d’épaisseur de terre et de gravats, anéantissant hommes et bêtes.
Corbeyrier comprenait alors huit maisons, une douzaine de granges et quelques moulins. Au total, 69 maisons, 106 granges, 4 caves et 2 battoirs furent recouverts.
Le séisme tua plus d’une centaine de personnes, dont beaucoup de femmes et d’enfants, les hommes travaillant aux champs, dans la plaine.
A Aigle, les dégâts sont considérables.
Le château n’est pas épargné.
Ses murs ont tenu le choc, mais les toits ont perdu la majeure partie de leurs tuiles.
De nouvelles tuiles sont acheminées en bateau de Morges à Villeneuve, avant de continuer leur route par char jusqu’au chantier.
Les toits ne retrouveront leur aspect initial qu’une année après la catastrophe.
Quant à Yvorne, la désolation des lieux est telle que, vers 1610, la douce Agathe, épouse du gouverneur Antonius von Erlach, mettra tout en œuvre pour que soit reconstruits le village et son vignoble.
Aujourd’hui, personne ne peut imaginer que ces lieux si paisibles ont pu subir un tel drame.
Les siècles passent, les générations se succèdent, mais les pierres se souviennent.
Martine Bernier
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