L’univers de Kim

Dimanche, mon Capitaine et moi passions du temps en tête à tête avec mon fils aîné et sa compagne, avant que nous nous retrouvions tous pour le réveillon de Noël.
Hier, c’est avec mon fils cadet, Yann, sa compagne Jee, notre Fleur d’Asie, et son petit Kim que nous avons vécu des instants privilégiés avant l’arrivée des autres invités.
Kim… 6 ans et demi de beauté, de charme, de malice et d’intelligence.
J’aime cet enfant comme s’il était mon petit-fils, réalisant une fois encore avec lui combien un enfant peut -être passionnant.
Nous avions beaucoup de sujets de conversation à aborder, hier.
L’un de ceux qui me préoccupent est l’omniprésence des jeux vidéo dans la vie des enfants et, forcément, dans la sienne.
En parler entre adultes, c’est bien.
En parler avec lui, c’est mieux.

Comme à chacune de ses visites, nous avions repris nos places fétiches: moi dans mon fauteuil, lui perché sur l’accoudoir.
C’est là que nous discutons, que nous lisons, que nous philosophons, que nous échangeons nos secrets.
– Tu sais Kim, tu es très intelligent. Et j’adore ça. Tu as dans la tête des milliards de neurones, et ce serait bien d’en perdre le moins possible!
– C’est quoi les neurones?
– Des cellules. Pour faire simple,  on va imaginer que ce sont de minuscules petits bonshommes qui font fonctionner ton cerveau! Pour bien travailler, ils doivent se nourrir. Et ils se nourrissent de tout ce que tu peux apprendre.

Il est attentif, sourit devant l’image.
– Par exemple: quand tu joues avec un jeu vidéo, qu’est-ce tu apprends?
– Rien du tout.
– Et quand tu lis un livre?
– J’apprends plein de choses…
– Tu as tout compris… Des deux, qu’est-ce que tu préfères?
– Heu… les deux.
– Je comprends, c’est normal. Mais quand tu fais quelque chose qui ne t’apprend rien, tu as une équipe de neurones qui s’endort et ne se réveille pas. Alors, comment faudrait-il faire…
– Jouer un tout petit peu au jeu, et faire autre chose de mieux après!
– C’est une bonne idée!

Jee et Yann prennent la parole et m’expliquent que la récente tuerie dans une école américaine les a bouleversés, qu’ils en ont parlé à Kim qu’ils sont inquiets de le voir  jouer à la guerre alors qu’ils ne lui offrent jamais de jeux de ce genre.
Kim regarde son livre mais nous écoute attentivement.
Je ne suis pas spécialement inquiète: de tout temps, les enfants ont joué aux jeux guerriers sans devenir pour autant des tueurs en série.
Mais je n’encourageais pas non plus ce genre de choses lorsque mes fils étaient petits.
Kim parle un peu de cet épisode dramatique de l’actualité:
– Et en plus, il a tué sa maman…
– Oui, c’est horrible.
– Pourquoi il a fait ça, tu crois?
– Je ne sais pas. Il devait être malade dans sa tête.
– C’était un enfant.
– Pas vraiment, non: il avait 20 ans. Tu vois, il jouait peut-être avec des jeux vidéo où il tuait des personnages… et a fini par ne plus savoir où était la réalité.
Il reste songeur, puis va chercher les livres qu’il préfère et que nous lisons ensemble.

L’un d’eux parle des grands naufrages de l’histoire.
Il tourne les pages et je réalise qu’il a retenu tout ce que je lui ai raconté dans l’ouvrage
A présent, il arrive à lire presque couramment, je suis impressionnée par ses progrès.
Il me dit:

– Avant, les bateaux étaient en bois, et puis ils ont été faits en métal.
– Oui, c’est vrai.
– Mais… le métal, ça ne flotte pas. Alors pourquoi les bateaux ne coulent pas?
Je le regarde, perplexe.
Explication technique à l’horizon: rien ne vaut un homme pour être clair dans ce cas-là!
Je prend l’option de m’adresser à un expert: mon Capitaine est sollicité.
Il explique donc à Kim le pourquoi du comment.
Nous poursuivons notre lecture et, devant une reproduction du tableau de la Méduse, je lui dis:
– Tu sais, j’ai entendu quelqu’un, cette semaine, dire à la télévision que Géricault, le peintre qui a peint ce tableau, a mis des chaussettes aux naufragés parce qu’il ne savait pas peindre les pieds.
– Et c’est vrai???
– Je n’ai pas eu le temps de vérifier.

Nous envoyons Sébastien, arrivé entre temps, en service commandé, avec mission de nous ramener un bouquin sur les chef-d’oeuvres de la peinture, pris dans ma bibliothèque.
Une fois en possession du Graal, nous cherchons le tableau et… découvrons une multitude de chaussettes, et pas de pieds nus!

– C’était vrai!!!
– Oui!! C’est incroyable! Tu vois ce livre? Quand tu reviendras, je te montrerai les grands tableaux… Ils ont tous une histoire passionnante. Tu voudras l’apprendre avec moi?
– Oui!!

Voilà mon univers avec Kim…
Dès que nous sommes ensemble, je lui donne à peu près tout mon temps et nous parlons sans fin.
Ces rires, ces conversations, ces échanges, ces moments privilégiés, j’espère qu’ils lui laisseront des souvenirs.
Et qu’il piquera dans cet amas de découvertes communes, des éléments qui viendront enrichir sa culture…

Martine Bernier

 

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